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Emotions et enfants

Un article écrit par Anne Jeger, psychologue clinicienne.

Les émotions des enfants

C’est un vaste sujet que je vais tenter d’aborder avec concision.

Une émotion est créatrice d'un mouvement (émouvoir = entrer en mouvement). L'émotion est de nature soudaine, qu'elle soit durable ou pas. Elle est intense et bouleversante (en + ou -). Elle provoque un ou des changements en soi - lesquels peuvent être perturbants et/ou conduire à modifier nos relations avec la réalité et les autres. Ces changements sont immédiats. Wikipédia

Les enfants vivent des émotions depuis leur plus jeune âge et, un peu trop souvent, elles sont minimisées, mises de côté, parfois ridiculisées, mal comprises, banalisées…

Vers 30 mois, ils  commencent à exprimer des émotions liées à la façon dont ils se perçoivent. Ils peuvent se sentir gênés, coupables ou fiers.

Il faut dire que c’est tout un apprentissage que de reconnaître ses émotions, de les nommer, et d’en prendre soin.       

1 - Un enfant a besoin d’apprendre ce qu’est une émotion

Il en existe 6 dites « primaires » et qui sont universelles : la joie, la colère, la tristesse, la peur, le dégoût, la surprise.
Un enfant exprime une émotion comme la tristesse ou agit sous le coup d’une émotion comme la colère.
Sa manière de réagir va dépendre de son tempérament, son caractère, et de comment son parent reçoit ses émotions. La personnalité de sa mère ou de son père, sa place dans la fratrie ainsi que le contexte environnemental jouent un rôle important dans le parcours émotionnel d’un enfant.
Il faut savoir qu’il n’a pas les outils pour reconnaître ses émotions, de même qu’il n’en a pas pour les réguler et les gérer. Son système nerveux sature. Car les enfants avant 5 ans n'ont pas le "câblage" nécessaire (autrement dit la maturation cérébrale) pour contrôler leurs émotions, quelles qu'elles soient. Catherine Gueguen, pédiatre.
Par conséquent, il a besoin d’apprendre ce qu’est une émotion et besoin de la tolérance de ses parents quand il n’arrive pas à la gérer. Il ne sait pas le faire.  Il est donc vain de lui dire de se calmer ou de l’envoyer seul dans sa chambre. Il se sent rejeté, ses émotions sont majorées et il n’apprend rien.
Or, il a besoin de comprendre ce qui se passe en lui et comment y faire face en grandissant.  

2 - Comment faire avec les émotions des enfants?

Les accueillir 
C’est la première chose à faire. L’enfant comprend ainsi qu’il a le droit de les exprimer, que c’est naturel et normal. A travers ses émotions, l’enfant dit quelque chose. Son corps s’exprime. Il y a donc un message à entendre et à comprendre.

  • Votre enfant pleure: Prenez le dans les bras, il a besoin d’être câliné et consolé. Apportez-lui son doudou. Puis nommez l’émotion « Je vois que tu es triste… ». Selon l’âge de votre enfant vous pouvez lui demander pourquoi il pleure (s’il ne le dit pas) ou alors proposez-lui plusieurs idées « Tu pleures parce que tu t’es fait mal ? Tu pleures parce que ta sœur t’a pris ton jouet ? Tu pleures parce que tu es triste que ton papa parte travailler? ». Il apprend de cette façon à reconnaître ses émotions et à les gérer avec vous. Ce qui l’aide également est de savoir que vous en vivez aussi. Faites le parallèle de temps en temps avec vous : « Moi aussi j’étais triste parfois quand mon papa partait travailler ». Enfin, vous pouvez lui demandez comment faire pour l’aider à aller mieux.
  • Votre enfant a peur: Prenez-le dans les bras, il a besoin d’être câliné et rassuré. Apportez-lui son doudou. Et nommez l’émotion : « Je vois que tu as peur…pourquoi ?...parce que … ». Suivre le même schéma que ci-dessus.
  • Votre enfant est déçu: Nommez la déception : « Je vois que tu es déçu…pourquoi ?...parce que … ». Suivre le même schéma que ci-dessus.
  • Votre enfant se met en colère. Cette émotion a mauvaise presse car elle est souvent assimilée à l’agressivité et à la violence. Or il existe de saines colères pour s’affirmer et dire non et l’enfant a besoin de cette énergie-là pour prendre sa place et se faire respecter. Cela répond aussi à un besoin d’autonomie et d’individualité. Par conséquent il est important de bien comprendre l’origine de la colère de sa progéniture.

La première réaction est souvent celle de la stopper nette, d’envoyer son enfant se calmer dans sa chambre, de crier plus fort que lui voire de s’énerver et dans les extrêmes le frapper. Il a le droit à ses colères, et il a besoin d’apprendre à les gérer. L’émotion colère ressemble à une vague. En haut de la vague, c’est la crise. Mais ce qu’il faut savoir c’est qu’après, ça passe…

Les enfants qui n’ont pas le droit d’exprimer leur colère vont les refouler, et elles seront remplacées le plus souvent par de la tristesse voire de la déprime. Et/ou parfois exploseront plusieurs années plus tard. Derrière la colère, il y a souvent de la peur. Ce pourquoi il faut bien comprendre ce qui se passe.

Dans tous les cas, l’enfant a besoin d’être accompagné pour ne pas être dépassé par cette émotion et besoin d’être cadré. Quand il semble débordé, envahi par la colère, vous pouvez le prendre dans vos bras pour le contenir, assez fort (surtout quand il se débat) jusqu’à ce qu’il se calme « Tu es très en colère, je suis là… ». A une moindre mesure, vous lui montrez qu’il peut taper sur un coussin dans sa chambre et vous le faites avec lui. Vous mettez en mots ce que vous observez « Je vois que tu aimerais le jouet de ta sœur, mais en ce moment elle joue avec …Montre-moi un jouet que tu aimes bien dans ta chambre… » ou lui proposer une alternative « Tu fais tes devoirs maintenant ou tu vas au bain ».

Apprenez-lui à localiser dans son corps l’endroit où il sent ses émotions

Dessinez les émotions principales sur un tableau que vous affichez dans sa chambre ou dans la cuisine, et apprenez-lui à désigner l’émotion qu’il est en train de vivre.

3 - A éviter  

  • Lui dire: Un garçon ça ne pleure pas…Un garçon ça n’a pas peur…Tu n’es pas jolie quand tu es en colère…Arrête de pleurer…Ce n’est rien du tout… ». L’enfant mérite que l’on respecte ses peines, même si leur cause n’est que la perte d’un caillou » (Janusz Korczak, éducateur et pédagogue)

  • Le surprotéger ou exagérer ce qu’il est en train de vivre, cela ne va pas lui rendre service.

  • Lui coller une étiquette ou le dénigrer « T’es qu’une mauviette... Tu me rend malade...Tu n’es qu’un bébé... (à un enfant de 8 ans qui pleure) ».

  • Rappelez-vous que le TU tue la qualité de la relation à terme. Il est préférable de dire « Je suis fâchée que tu aies cassé ce vase... Je suis inquiète quand tu ne rentres pas à l’heure... ».

4 - Petits conseils

  • Au fur et à mesure que l’enfant grandit, annoncez-lui les règles (les écrire) relatives au cadre surtout concernant ses refus et donc parfois ses colères. Ce qu’il peut faire et ce qu’il ne doit pas faire. Par exemple, anticipez avant d’aller faire les courses.

  • Laissez-le être triste et aller au bout de ses émotions. Idem pour les autres émotions. Quand il aura fini de pleurer, il n’aura plus besoin de pleurer.

  • Relativisez ses bêtises.

  • Lâchez sur le choix de son pantalon quand il veut absolument mettre le rouge et pas vous!

5 - Les émotions, ç’est la vie!

Plus l’enfant grandit, plus il apprend qui il est, comment il réagit, ce qu’il peut faire pour se faire du bien, grâce à ses parents, aux expériences de la vie, en regardant ses amis. Il va intégrer ces apprentissages-là et il sera de plus en plus à l’aise avec ses émotions: les sentir dans son corps, les reconnaître, les nommer et en prendre soin. Et parce que vous en prenez soin vous aussi, il comprendra très vite que c’est normal de les exprimer, et qu’elles font de nous des êtres Vivants!
     

Cet article vous a interpellé, vous vous posez des questions ? Posez votre question à info@lafamily.ch, Anne Jeger, psychologue, vous répondra.
            

Voir aussi:

>> Les ateliers Kimochis pour apprendre aux enfants à identifier leurs émotions

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