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Médiateur assermenté pour les divorces à l'amiable

Quand le médiateur familial entre en jeu

Lors d’une séparation, il privilégie la discussion entre les conjoints. S’il joue un rôle important dans la résolution du conflit, le médiateur familial doit encore trouver sa place dans le système judiciaire.

La médiation familiale tend à dépasser la seule question du divorce et s’attache à la notion parentale qui perdure après la séparation. Inciter les mères et les pères à s’entendre au nom de l’intérêt de l’enfant est une mission délicate. Tandis que les juges et les avocats semblent être les arbitres désignés de leurs démêlés, la médiation familiale demande aux parents un effort de collaboration afin d’imaginer eux-mêmes des solutions.

 

Regards croisés

Avoir recours à la justice paraît le chemin le plus direct, le plus sûr pour faire entendre ses droits et espérer obtenir une décision favorable. «Au tribunal, l’expression faire payer l’autre, prend tout son sens», résume Isabelle Bieri, juge au tribunal régional du Littoral et du Val-de-Travers, à Boudry (NE). Pourtant, le montant d’une contribution d’entretien ne se fixe pas en fonction du sentiment de trahison ressenti. «Il y a des choses que la justice ne traite pas, relève Mme Bieri. Et bien que le divorce pour faute n’existe plus depuis 2000, un adultère peut être très mal vécu et entraver toute discussion.»

Tout au long de la procédure judiciaire, les règlements de comptes sont autant d’ordre financier que relationnel. «Ils ont hurlé, se sont dit des horreurs mais ne se sont pas vraiment parlé», observe Anne Vachoux, médiatrice familiale à l’association pour la médiation familiale (AVMF), à Lausanne. Depuis 2011, la médiation fait partie du code de procédure civile suisse unifié, et complète la panoplie juridique à la disposition des justiciables, des avocats et des magistrats. Conscients que la justice ne peut pas tout, les juges se tournent alors vers ces «casques bleus» familiaux. «Nous travaillons de mieux en mieux avec les juges et les avocats, note Mme Vachoux. Il y a une synergie, une volonté de la part de certains tribunaux de collaborer. Les fortes retenues du monde juridique sont en train de se transformer.»

Alors qu’un mariage sur deux finit par un divorce, la médiation ne s’est pas généralisée pour autant. Les médiateurs familiaux ne sont pas encore bien identifiés et faire appel à leurs services n’est pas devenu une habitude. Ils ont besoin de convaincre aussi de leur réelle utilité quand ils demandent à des couples en pleine crise, de coopérer de manière responsable et raisonnable.

S’accorder du temps

L’état d’esprit qui anime la médiation familiale est celui de la démarche volontaire pour arriver à des solutions durables. «Cette alternative est apparue dans les années 70 dans le domaine commercial et du travail, souligne Mme Bieri. Pour les mineurs, le juge pouvait également avant 2011, ordonner une médiation comme mesure de protection.»

Dans le cadre d’une séparation, s’engager sur cette voie n’est pas chose facile, car il faut pouvoir se confier à un tiers en présence de celui ou de celle qu’on accuse de tous les torts. «Derrière les sujets qui fâchent, il y a des rêves cassés, des espoirs perdus, des mensonges, rappelle Mme Vachoux. Et c’est là-dessus qu’on va essayer de travailler.» Le médiateur familial exerce ses talents sur un volcan prêt à exploser à la moindre remarque ou sous-entendu. Il doit pouvoir s’adapter à toutes les situations et à toutes les familles qu’il rencontre. Il y a celles en grande souffrance qu’il faut rassurer, celles très réactives qu’il faut contenir ou celles au contraire, qu’il faut aider à s’exprimer. «Le médiateur familial doit être calme et imaginatif, ouvert et disponible, savoir rebondir sans bloquer, décrit Mme Vachoux. En face de lui, il a souvent des gens angoissés.»

Ce qui préoccupe l’homme et la femme dans cette épreuve de la séparation, c’est la peur de l’inconnu. Beaucoup ne savent pas s’ils pourront bientôt joindre les deux bouts, revoir leurs enfants, reconstruire leur vie. Pour les aider, la médiation familiale est à la fois un espace de parole et un lieu d’entente. «Le médiateur familial n’est ni un enquêteur, ni un juge, insiste Mme Bieri. Il est là pour restaurer une meilleure communication qui permet ensuite au juge de trouver des bonnes conditions à une conciliation.»

Le médiateur familial encourage les parties à se donner du temps et à tomber d’accord sur une feuille de route qu’ils respecteront. «Nous sommes là pour les aider à découvrir par eux-mêmes ce qui leur convient, et ne pas leur donner une solution dont ils ne voudraient pas», explique Mme Vachoux. En prenant conscience petit à petit des enjeux, le couple renoue le dialogue et met en place leur futur mode de relation. «La médiation n’est pas la panacée, nuance Mme Bieri. Il faut parfois fixer un cadre financier pour l’enfant mais c’est un outil extrêmement utile qu’il faut favoriser dans certains cas.»

Le médiateur familial se situe à la frontière des métiers du conseil et de la psychologie. Souvent issu du monde juridique, il est formé aux techniques d’entretien, à l’approche systémique de la famille. Solidement armé, le médiateur s’attaque aux causes du conflit et donne aux parents la possibilité d’être les acteurs de leurs propres décisions.

François Jeand’Heur

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