Découverte de la maltraitance

Découverte de la maltraitance

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Découverte de la maltraitance

Tout commence bien sûr par la connaissance qu’a une tierce personne de faits tombant sous le coup de la loi sur la protection de la jeunesse,  du code civil, ou du code pénal, et qui sont potentiellement d’une certaine importance.


La maltraitance «ordinaire», gifles, coups divers est hélas fréquente. Si elle est inutile du point de vue éducatif, elle ne témoigne pas forcément d’une situation fortement dégradée dans la famille, la perte de maîtrise d’un adulte pouvant être occasionnelle et unique.
Néanmoins le «droit de correction» tel qu’il est défini dans le code civil suisse ne peut justifier des coups, ou des actes plus graves, dans la mesure où une correction peut être exercée différemment, par exemple en privant l’enfant, en proportion de sa «désobéissance», de quelque chose d’agréable, télévision, sortie, éventuellement cadeau. Bien entendu, rien ne doit toucher les besoins fondamentaux de l’enfant, tels que les soins ordinaires, et même l’affection qu’on lui doit !

Le point de départ de la découverte de la maltraitance est variable.

Cela peut être la constatation de traces de coups, situation la plus simple, mais aussi une modification sensible du comportement de l’enfant (voir la liste des symptômes dans le rapport fédéral  "Violences et négligences envers les enfants et les jeunes" -  ), soit une confidence qu’il vous fait. Précisons que la confidence de l’enfant n’est pas nécessaire pour intervenir, pour des personnes formées dans ce domaine, qui ont une expérience suffisante; des soupçons basés sur certains symptômes sont suffisants.
Le risque de se tromper étant assez grand si l’on n’est pas habitué à ces problèmes, nous proposons toujours de ne pas rester seul avec une situation de maltraitance et de la discuter avec des professionnels compétents.
Toute maltraitance est d’abord une relation de pouvoir, le plus souvent violente, même si elle s’exerce par séduction.
Attention! Voir les nouvelles dispositions (2019) sur l'obligation de dénoncer

Le recueil de la confidence

En cas de confidence d’un enfant, il n’est pas nécessaire, ni même souhaitable de «faire une enquête» ; celle-ci est réservée strictement aux autorités. Il suffit que les faits révélés paraissent dignes d’intérêt, crédibles dans la manière dont ils sont racontés même si certains éléments ne sont pas tous éclaircis ou logiquement décrits, et que ce qui vous est raconté puisse faire soupçonner des mauvais traitements. Si l’erreur d’appréciation peut être dommageable, par une perception excessive d’un danger pour l’enfant ou de la gravité des mauvais traitements subis, intervenir dans une situation de mauvais traitement se révèle dans l’immense majorité des cas efficace.
Dans ces circonstances délicates, il convient donc d’adopter une stratégie basée sur le respect de l’enfant.
Au moment du dévoilement d’une maltraitance, l'enfant a besoin de rencontrer une attitude cohérente et sans ambiguïté de la part des adultes. Il a besoin que tous les adultes qu'il rencontre gardent leur calme et lui disent:

  • qu’ils le croient
  • qu'il a eu raison de parler et de chercher de l'aide
  • que l'adulte maltraitant n'avait pas le droit de faire ce qu'il a fait
  • que c'est interdit par la loi, qui protège l'intégrité du corps des enfants, et les frontières entre les générations
  • que c'est pour l'acte commis que l'adulte sera peut- être puni, et non parce qu'il est méchant ou monstrueux
  • que beaucoup d'autres enfants sont maltraités et qu'il n'est pas le seul
  • qu'il n'est pas responsable des événements qui arrivent

Chacun des ces points est extrêmement important pour obtenir des confidences aussi proches que possible du souvenir de ce qu’a vécu l’enfant, de la manière aussi peu traumatisante possible, avec le minimum de culpabilité de sa part.

En effet, l’enfant qui révèle un mauvais traitement doit formellement, de manière directe ou non, accuser un adulte, souvent l’un de ses parents (par ex. 90% des abus sexuels sont intrafamiliaux). Cela est pour lui difficile, parce que la personne qu’il accuse est souvent respectée et aimée pour d’autres motifs. Il se sentira immanquablement plus ou moins coupable de cette rupture de loyauté, et il convient impérativement d’en minimiser les effets.

Si les mauvais traitements ont duré longtemps, l’enfant peut avoir acquis une perception déformée des rapports entre enfants et adultes, jusqu’à inclure des actes «violents» comme preuve d’intérêt ou d’affection de l’adulte. Il peut aussi penser que ce mode relationnel est habituel dans les familles, et qu’il n’a pas trop de raisons de se plaindre. Il faut donc aussi commencer par corriger cette perception erronée, et rétablir la réalité de ce qui est normal et ce qui ne l’est pas, et de ce qui est permis et de ce qui ne l’est pas.

L’enfant peut aussi s’accuser d’être «l’origine» du comportement délictueux, ayant «provoqué» l’adulte, qui a répondu à cela. Il convient de dire à l’enfant que c’est à l’adulte se contrôler, parce que l’adulte sait très bien ce qui est permis et ne l’est pas, et que son âge plus avancé lui impose de se comporter correctement.

Que l’adulte confident soit un professionnel ou non, le premier acte à poser pour prendre connaissance d’un mauvais traitement chez un enfant est d’entendre l’enfant.


Point capital: il ne faut jamais «promettre» à l’enfant que ce qu’il vous a dit ne sera pas transmis plus loin.

Même si le souci compréhensible de l’enfant est d’éviter que lui-même ou l’auteur des mauvais traitements ne subisse des conséquences désagréables de sa confidence, vous ne pourrez l’aider que si vous agissez en sa faveur, et donc que vous utilisiez ce qu’il a dit, ne serait-ce que pour discuter avec l’auteur de la maltraitance si elle est relativement bénigne. Promettre d’abord pour acquiescer au désir de l’enfant et ensuite prendre des mesures en sa faveur vous mettrait dans une situation de mensonge à son égard, ou alors vous lierait à votre promesse et vous empêcherait de faire ce qu’il faut. Il faut donc conclure l’entretien avec l’enfant en disant que vous allez réfléchir (si cela est nécessaire), en parler à des personnes plus compétentes, que vous déciderez ensuite ce qu’il faut faire, et que vous lui direz ce que vous avez prévu de faire.
Tout ce qui a été constaté ou rassemblé durant l’évaluation doit être noté avec précision, soit dans le dossier d’un professionnel, soit sur un document confidentiel. Il n’est pas rare que quelques années plus tard des constatations inexpliquées prennent leur sens lorsque la situation s’aggrave.

Il est important que le non-professionnel en reste là et transmette sans délai ce qui a été dit et ce qu’il a constaté à une autorité. Le recours à des professionnels de l’enfance est admissible pour l’évaluation d’une situation peu claire, et qu’il y a doute sur l’attitude à adopter.

Le non-professionnel ne doit en aucun cas faire une enquête, réinterroger l’enfant, et chercher absolument à corroborer les dires de l’enfant par d’autres sources.

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