Historique
Au début du 20ème siècle Sir Frederick G.Hopkins de Cambridge (Angleterre) a montré de manière indubitable qu'un régime constitué de protides, de lipides et de glucides et de sels minéraux ne suffisait pas à maintenir des rats de laboratoire en bonne santé. On découvrit qu'un peu de lait frais ou de légumes améliorait la santé de ces animaux carencés, mais pas les cendres de ces aliments. Les composés étaient donc de nature organique. On a pensé que c'était des amines, d'où le nom de vitamines.
Une vitamine est un composé organique nécessaire en petite quantité pour promouvoir la croissance, maintenir la vie et les capacités de reproduction des animaux supérieurs et de l'homme.
Les plantes synthétisent toutes les vitamines qui leur sont nécessaires, mais pas les animaux et de plus, cela varie pour les différentes espèces.
Par exemple, la vitamine C n'est nécessaire qu'à l'homme, au singe et au cobaye, mais pas pour le rat.
Certaines vitamines sont quelquefois fournies par les bactéries du tube digestif.
Les besoins varient entre espèces, et c'est l'apparition d'une nourriture très raffinée dans les temps modernes qui a mis en évidence le besoin, à part quelques cas historiques. Ainsi, on savait depuis le milieu du 18ème siècle que l'on pouvait se protéger du scorbut lors de longues croisières sans escales, maladie dûe à la carence en vitamine C (que l'on ne connaissait cependant pas !), en mangeant des agrumes, en particulier du jus de citron.
Les sources de vitamines
La nourriture variée apporte suffisamment de vitamines, mais il faut veiller à manger suffisamment de légumes, et régulièrement (3 fois par semaine) de la viande (le foie est particulièrement riche).
Les régimes dits végétariens ou végétaliens sont plus à risque d'être déséquilibrés si l'on ne prend pas ds précautions particulières.
Besoins en vitamines
Intentionnellement, les besoins en vitamines n'ont pas été donnés, même à titre indicatif, pour plusieurs raisons:
Une éventuelle supplémentation doit se faire par fraction de l'apport journalier recommandé (ARJ), parce que cela est largement suffisant. Les produits du commerce renseignent en général correctement sur le contenu de la pastille ou du comprimé.
A.Vitamines liposolubles:
Elles sont plus particulièrement contenues dans les aliments gras: vitamines A, D, E et K, mais elles ont aussi présentes dans les feuilles de légumes verts.
Vitamine A
Indispensable à la croissance, à la vision et au maintien en bon état des tissus épithéliaux, et de l'émail dentaire, des gencives, des glandes sexuelles, de l'utérus, de la vessie et des voies urinaires.
Vitamine D
La carence en vitamine D est connue depuis très longtemps sous forme de rachitisme, maladie osseuse des enfants (surtout entre 1 et 3 ans), qui se développe aussi lors d'une carence en calcium et en phosphore. Cette maladie provoque un retard à l'ossification des cartilages, avec les conséquences qui s'en suivent. Chez l'adulte cela provoque l'ostéomalacie, dans laquelle les os sont mous et fragiles. On savait que l'huile de foie de morue était efficace, comme les rayons solaires, sans savoir pourquoi, avant la découverte de la vitamine D en 1920.
Vitamine E
Elle a été découverte en 1922, dans l'huile de germes de blé, et baptisée tococphérol. Elle est stable à la chaleur mais facilement oxydée. Sa fonction n'est pas exactement connue chez l'homme, mais elle a un rôle préventif pour des problèmes sanguins. La carence est très rare. Elle protège les acides gras polyinsaturés de l'oxydation ; elle protège donc la membrane cellulaire et ainsi du vieillissement.
Vitamine K
Découverte en 1935, la vitamine K est essentielle au mécanisme de la coagulation sanguine, où elle assure la formation dans le foie d'une substance indispensable à la formation du caillot. La déficience est rare, sauf dans certains traitements médicamenteux (dicoumarol). Elle est stable à la chaleur, l'oxydation et à l'humidité, mais pas à la lumière.
B. Vitamines hydrosolubles
Vitamine C
Le résultat de la déficience en vitamine C est bien connu comme maladie, appelée scorbut, qui tua beaucoup de personnes (les 2/3 des marins de Vasco de Gama lorsqu'il franchit le Cap de Bonne Espérance !). L'effet d'un apport correct en cas de carence est très rapide, avec guérison en 1 à plusieurs semaines. Alors que la carence était endémique au 15ème et 16ème siècle, la culture de la pomme de terre importée d'Amérique, qui est une bonne source de vitamine C, la carence disparu du fait de la consommation de ce tubercule par les populations. Le scorbut se manifeste comme une dégénérescence de nombreux tissus dont le collagène est un constituant important (peau, dents, gencives, parois vasculaires, ors, cartilage et muscle), et empêche par défaut de formation de collagène la cicatrisation des plaies.
La vitamine C est aussi impliquée dans l'absorption du fer, la formation de l'hémoglobine, et le métabolisme de certains acides aminés (proline, tyrosine, tryptophane) et permet d'inhiber la formation de nitrosamines (cancérigènes).
La vitamine C est très instable: rapidement oxydée, elle est aussi facilement soluble dans l'eau de cuisson.
Les sources sont les légumes frais, qui en contiennent des quantités variables (plus dans les parties extérieures qu'intérieures : salades, choux, etc.), et dont la teneur peut diminuer rapidement avec une conservation impropre ou des façons culinaires défavorables (trempage des légumes, cuisson dans des ustensiles de cuivre, cuisson prolongée, hachage, conservation prolongée et/ou sans réfrigération, conservation à la lumière, congélation, etc.).
Vitamine B1 (thiamine)
La carence est connue sous forme d'une maladie appelée béri-béri, décrite en Asie depuis la plus haute antiquité. Vers 1890 on avait déjà remarqué que la nourriture faite de riz poli provoquait l'apparition de la carence, guérie par la consommation de riz complet. Dans la carence appelée béri-béri mou, les tissus des membres inférieurs sont oedémateux, et le malade souffre de palpitations, de troubles respiratoires et de douleurs musculaires ; la mort peut survenir dans les cas extrêmes. Dans le béri-béri sec on note une émaciation et d'une grande faiblesse.
La vitamine B1 joue un rôle essentiel dans le métabolisme des glucides, donc dans la production d'énergie, et la production d'ADN et d'ARN. Les réserves du corps sont faibles, et ne suffisent que pour quelques mois.
Tous les aliments contiennent un peu de vitamine B1, mais elle est sensible à la cuisson. Les meilleures sources sont les céréales complètes, les abats, la viande de porc et les légumineuses. Le besoin dépend de la quantité de glucides dans l'alimentation.
Vitamine B2 (riboflavine)
Cette vitamine a été identifiée après la thiamine. Elle fait partie de différentes enzymes très importantes dans le métabolisme (production d'énergie à partir de) des glucides, des lipides et des protides. Elle est très stable à la chaleur, mais sensible à la lumière.
Elle est très répandue dans les aliments, sauf les sucres purifiés et les graisses. Sa carence provoque des symptômes variés peu caractéristiques, vu son importance dans plusieurs voies métaboliques.
Vitamine PP (niacine, acide nicotinique)
Cette vitamine était déjà connue en 1867 mais n'a été reconnue comme facteur protecteur de la maladie appelée pellagre qu'en 1937. Cette maladie, se manifeste comme une éruption rougeâtre de la peau qui par la suite devient noire et rugueuse.
La pellagre causa la mort de 10'000 personnes aux USA au début du 20ème siècle. Elle touchait 200'000 personnes dont l'alimentation était riche en maïs, et ces évènements hâtèrent les recherches.
Cette vitamine concourt à l'action d'enzymes dans les oxydations tissulaires, donc dans la production d'énergie au niveau cellulaire. Elle se trouve dans tous les tissus, plus particulièrement dans le foie, les reins, le cerveau et les muscles. Elle est produite en petite quantité à partir d'un acide aminé, le tryptophane, par les bactéries intestinales; une bonne alimentation en protéines est ainsi un facteur protecteur contre la carence.
Les sources alimentaires de niacine sont les viandes, mais aussi les graines et les légumineuses.
Vitamine B6 (pyridoxine)
La carence pour la vitamine B6 a des effets proches de ceux de la carence en vitamine PP (niacine) et B2 (riboflavine).
La vitamine B6 participe à de très nombreuses réactions enzymatiques dans le métabolisme des protéines et des acides aminés (transamination et décarboxylation). Elle est aussi impliquée dans le métabolisme des glucides et des acides gras non saturés. Elle est aussi nécessaire à la formation des anticorps.
Les sources alimentaires de vitamine B6 sont les viandes, quelques légumes (dont les pommes de terre), les germes et le son de blé et les céréales complètes (il y a une perte de 75% de cette vitamine lors du raffinage en farine blanche).
Le besoin est stable, mais s'accroît lors de la prise de certains médicaments et avec l'âge.
Vitamine B5 (acide pantothénique)
La vitamine B5 est largement répandue dans la nature. Elle est très stable. La carence ne peut être obtenue quasiment qu'en régime alimentaire expérimental.
La vitamine B5 participe à de très nombreuses réactions enzymatiques parce qu'elle fait partie du coenzyme A, l'une des substances les plus importantes du métabolisme de tous les nutriments.
Cette vitamine existe dans toutes les cellules, donc en quantité appréciable dans tous les aliments. Certains aliments sont particulièrement riches: levures (fermentation du pain, etc.), foie, oeufs, germes de blé ou de riz, arachides et petits pois. Les traitements industriels, sauf la surgélation industrielle, provoquent des pertes importantes de vitamine B5.
Vitamine H (biotine)
Cette vitamine peut être synthétisée en partie par les microorganismes de l'intestin des animaux, en quantité suffisante chez l'homme en bonne santé.
Elle est active dans l'organisme dans les réactions métaboliques de carboxylation de plusieurs acides aminés, mais aussi dans la synthèse des acides nucléiques, du glycogène.
Excepté chez l'enfant, la carence n'est que très rare chez l'homme.
Acide folique
C'est une vitamine importante chez l'homme, qui permet une croissance normale, maintient les capacités de reproduction et empêche certains désordres sanguins. Elle est relativement rapidement détruite par la chaleur et l'oxydation. Elle est sensible à la chaleur de cuisson, et est rapidement dégradée (quelques jours) lors de la conservation des légumes à température ambiante.
La carence se manifeste chez l'adulte sous forme d'une anémie dite macrocytaire. La carence chez la mère enceinte durant les premières semaines de grossesse augmente le risque de spina bifida chez l'enfant à naître.
La vitamine agit également en association avec des enzymes du métabolisme des composants des acides nucléiques qui sont vitaux pour les noyaux des cellules. Elle est également importante pour la synthèse de certains acides aminés, et à la dégradation de la majorité des acides aminés.
Les sources alimentaires d'acide folique sont le foie, les levures, les légumes à feuilles, et dans une moindre mesure les légumineuses sèches, les autres légumes verts, les noix, les noisettes, les oranges et le blé complet.
Vitamine B12 (cyanocobalamine)
La vitamine B12 a été découverte en 1948. C'est la seule vitamine que les plantes supérieures sont incapables de synthétiser, mais que certaines espèces de bactéries ou de champignons synthétisent très facilement (mais pas les levures ordinaires). Elle n'est pas très stable à la lumière ou à la chaleur.
La carence se manifeste par une anémie macrocytaire et des troubles neurologiques, dont on savait depuis 1926 que ce type de maladie pouvait être guéri par la consommation abondante de foie. La vitamine a une absorption facilitée par une mucoprotéine fabriquée par l'estomac.
La carence s'observe en cas de régime déficient (chez les végétariens stricts), ou lors de l'absence de cette mucoprotéine en cas de maladie gastrique (anémie pernicieuse) ou intestinale (ver solitaire, sprue), ou d'opération de by-pass gastrique (comme mesure d'amaigrissement).
Son activité métabolique est étroitement liée à celle de l'acide folique.
Les sources alimentaires sont exclusivement animales: foie, les abats, la viande, le poisson, les oufs, les coquillages, le lait et la plupart des produits laitiers sauf le beurre.
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