Plusieurs langues et pourtant le même phénomène d'infertilité: des hommes et des femmes désirant faire un enfant et qui éprouvent de grandes difficultés à provoquer une grossesse. Au-delà d’en ressentir une grande solitude, c’est un poids qui les accable tous les jours.
De plus en plus de couples, malheureusement, doivent affronter la situation de l'infertilité, et nombreux sont ceux qui se dirigent vers des spécialistes de la procréation assistée. De là il n’est pas surprenant que le nombre de couples se soumettant à un cycle de Fertilisation In Vitro (FIV) soit en augmentation continuelle.
Selon la Société Suisse de Médecine de la Reproduction (SSMR), en 2011 il n’y a pas eu d’augmentation de traitements FIV en Suisse. Cela ne veut pas dire qu’il y a eu moins de couples désireux de recevoir une assistance, mais plutôt que les changements opérés dans le cadre juridique de certains pays (France, Suisse, Allemagne, Angleterre, etc.) ont poussé certains couples à ne plus faire de demandes aux cliniques suisses, mais ailleurs.
Certains couples ne peuvent entamer de démarche en Suisse, parce que leur demande sort du cadre légal offert: les tentatives effectuées sur le sol helvète n’ont pas eu de succès ou alors le diagnostic émanant de leur fiche médicale est sans appel: il faut recourir à des assistances que la législation suisse ne permet pas, comme des traitements incluant la donation, et notamment le don d’ovocytes.
C’est un thème controversé, qu’il est impossible de traiter simplement en quelques lignes.
A noter que cette situation pourrait évoluer suite à l'initiative parlementaire du conseiller national vaudois Jacques Neirynck (PDC/VD), déposée le 16 janvier 2014. Jacques Neirynck, ardent défenseur de la cause des familles souhaite supprimer l'inégalité qu'il y a entre le don de sperme et le don d'ovule. Cette initiative a été approuvée par 16 voix contre 7 par la Commission de la science, de l'éducation et de la culture. Bien sur, ceci devrait être entouré de toutes les précautions d'étiques.
En général, une femme en bonne santé, produit un ovule mûr chaque mois. Lors du cycle menstruel, un ovocyte ou ovule (cellule reproductive féminine) se développe à l’intérieur d’un follicule dans l’ovaire sous l’influence d’hormones sécrétées par l’hypophyse (petite glande endocrine située à la base du cerveau derrière les yeux).
Vers le 14ème jour du cycle, l’ovocyte mature est libéré dans la cavité pelvienne et capté par les trompes. Lors de rapports sexuels, les spermatozoïdes (cellules reproductives masculines produites dans les testicules de manière continue) sont déposés dans le vagin en quantité très abondante (plusieurs dizaines de millions). Ils remontent dans l’utérus en traversant le col de l’utérus et sa glaire en direction des trompes où se trouve l’ovule.
La fécondation a lieu dans la trompe. La fusion de l’ovocyte et d’un seul des millions de spermatozoïdes déposés initialement deviendra un embryon et se développera pendant la grossesse.
En revanche, s’il n’est pas fécondé, l'ovocyte mature sera évacué pendant les règles. Une femme saine dispose à sa naissance d’environ 400 000 ovocytes dans ses ovaires. Tout au long de la période fertile de la vie d’une femme, seul un sur mille ovocyte (pas plus de 400) deviendra mûr et aura ainsi la possibilité d’être fécondé.
Le don d'ovules implique le procédé de fécondation in vitro étant donné que les ovules sont fertilisés en laboratoire.
Le principe consiste à préparer les deux femmes, la donneuse et la réceptrice:
Quand la stimulation ovarienne de la donneuse touche à sa fin, les divers ovules sont récoltés et éventuellement congelés, puis éventuellement décongelés, puis fertilisés en laboratoire avec l’échantillon de sperme provenant du couple récepteur. Après quelques jours d’observation, les plus beaux embryons sont transférés dans l’utérus de la réceptrice et, si la chance l’accompagne et que les autres embryons sont forts aussi, ils seront vitrifiés et préservés jusqu’à un cycle ultérieur. Les chances de succès sont bonnes.
Le don d'ovocyte n'est pas aussi simple qu'un don de sperme ou de sang, et demande donc une grande motivation de la part des donneuses. C'est un don qui demande du temps et une astreinte à un certain nombre de consultations et examens (Prélèvements sanguins, échographies...) nécessaires à toute stimulation ovarienne jusqu'à la production de plusieurs ovocytes matures. Le traitement dure environ deux semaines, avec au final, la récolte des ovules. Cette ponction ovocytaire est un acte chirurgical qui n'est pas anodin et peut être douloureux.
Article fait en collaboration avec le Dr Dorothea WUNDER.
Médecin-cheffe, PD, MER Département de gynécologie, obstétrique et génétique médicale.
Unité de médecine de la reproduction et endocrinologie gynécologique du CHUV
Commentaires
Quand on fait une pma a l'étranger et qu'on vit en Suisse et qu'on tombe enceinte ensuite par une grossesse. Est-ce qu'on est quand même pris en charge par la LAMal pour tout le traitement de grossesse ? Ou rien ...