Sacs, portefeuilles en bâche ou en pneu de camion, robes, tee-shirts, pull-overs fabriqués à partir de bouteilles en plastique, bijoux issus de planches de skate board…
L’objet upcyclé se différencie du recyclage classique car son nouvel usage est supérieur au précédent. Le terme apparu dans les années 1990, valorise les déchets face à une consommation effrénée de matières premières. A faire soi-même ou produit par des créateurs, l’upcycling vise à préserver l’environnement et les ressources naturelles surexploitées. Il n’empêche pas pour autant le goût des belles choses, bien au contraire.
Markus et Daniel Freitag ont lancé en 1993, un sac de ville, type coursier à vélo new-yorkais. Son aspect ressemble de loin à d’autres besaces sauf que le choix des matériaux des deux frères zurichois a de quoi surprendre.
Entre mode et développement durable, le sac Freitag est devenu un must en quelques années et quelques millions d’exemplaires vendus. «Le consommateur va apprécier d’avoir un objet qui a déjà eu une histoire et qui tient compte de l’environnement», observe Cédric Chevalley, designer et fondateur de DiiRt**, société de distribution de produits upcyclés, à Monthey. Sans oublier que chaque pièce est unique car taillée dans des bâches aux motifs différents.
L’engouement pour l’upcycling touche beaucoup de domaines: mode, mobilier, architecture…
Les ateliers auprès des particuliers se multiplient également. Transformer une palette de bois en table basse, confectionner une lampe à partir de chutes de carton est en grande partie un acte militant. Au-delà de la pièce unique, produire en plus grande série peut se révéler compliqué et les matières premières difficiles à se procurer. «Il ne faut pas croire que récupérer des matières déjà utilisées ne coûte rien, précise M.Chevalley. Il y a le démontage, le nettoyage, la remise en état. Avoir des rouleaux de matières premières neuves est plus facile». Voilà pourquoi, les productions de masse made in China n’ont pas à s’inquiéter du marché que représente aujourd’hui l’upcycling. Des objets de qualité, un système de récupération adapté, une fabrication locale sont des éléments qui laissent pourtant présager du potentiel à terme de cette tendance.
L’upcycling est la face glamour et branchée de la récup. En Suisse, le taux de recyclage est de plus de 50%, ce qui en fait l’un des pays les plus performants dans la récupération de déchets. Les générations à venir devront répondre à de nombreux défis environnementaux dont le réemploi des matériaux. «J’espère que l’upcycling n’est pas une mode mais quelque chose qui va rester, insiste Cédric Chevalley. Il faut faire confiance aux designers et à leur créativité pour créer des objets utiles, bien pensés, bien dessinés et qui durent longtemps». L'upcycling interroge notre mode de consommation du trop-plein, du toujours plus. Il pose la question de l’éthique, de la limite des ressources naturelles. En détournant, en réinventant un objet, l’upcycling n’invite pas au renoncement mais à penser autrement. Upcycler, c’est faire preuve d’originalité tout en faisant un geste pour la planète.
Upcycler, c’est une certaine idée de la mode, du design et du respect de l'environnement.