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Enfants précoces sous haute tension

Souvent en décalage, l’enfant surdoué doit se frayer un chemin dans un monde inadapté pour lui. Une fois dépisté, il reprend confiance et son horizon scolaire se dégage.

Contrairement aux super-héros dotés de super-pouvoirs, les surdoués ne connaissent pas toujours leurs dons. On les imagine bien au premier rang de la classe, studieux et appliqués. «Un élève intelligent boit les paroles de l’enseignant, les restitue quand un élève à haut potentiel pose de nouvelles questions, fait des hypothèses», observe Doris Perrodin, spécialiste de l'éducation des enfants, des adolescents et des adultes à haut potentiel, à la Tour-de-Peilz.

Leur manière complexe de penser, d’associer, de relier les idées entre elles, complique leur identification par les enseignants. A l’école primaire, les surdoués ont de bons résultats sans beaucoup travailler. Ils apprennent vite sans forcer leur talent. Quand plus tard, au cycle d’orientation ou au gymnase, une méthodologie devient nécessaire, les difficultés commencent. «Le jour où il faut faire des efforts, que ce n’est plus instinctif, l’enfant se sent nul et bête», constate Claudia Jankech, psychologue-psychothérapeute de l'enfant et de l'adolescent, à Lausanne.

Si beaucoup d’enfants précoces poursuivent leur parcours sans encombre, d’autres peuvent souffrir de la situation, se sentir incompris.

Une ombre au tableau

Curieux, sensible, intuitif, complexe, attentif, exigeant, comment définir un élève surdoué?
«Je refuse les listes à cocher, dit Mme Perrodin. Il y a autant de différences entre des enfants à haut potentiel qu’entre des enfants dits «normaux pensants». Certains parlent et marchent très tôt, d’autres plus tard. D’autres encore ont des difficultés à développer leur potentiel». Difficile d’établir un portrait-robot quand il y a autant de profils à géométrie variable. Cela va de l’élève modèle et ambitieux à celui qui s’ennuie, sous-estime ses possibilités et qui peut aller jusqu’à se saboter. L’école dispense un enseignement général qui ne s’adresse pas à toutes ces formes d’intelligence.

«L’école est une machine de normalisation très importante, convient Mme Jankech. L’utilisation de leurs capacités peut être entravée s’il y a du découragement, de l’ennui. La surdouance n’est pas un vaccin contre les problèmes». Des troubles sérieux comme la dyslexie, un déficit de l’attention ou une hyperactivité peuvent également masquer leurs possibilités. Seulement 30 % des enfants identifiés sont des filles car elles cherchent davantage à s’adapter, à s’intégrer et cachent par conséquent leur potentiel.

Précocité, cadeau ou fardeau?

Chaque père, chaque mère trouve son enfant le plus beau et le plus intelligent. Comment réagissent-ils quand, à la suite de test de détection de la surdouance,  ils découvrent qu’il est effectivement surdoué? Sont-ils contents, surpris ou inquiets?

«La famille est soulagée, indique Stéphanie Huguelet, co-présidente de l’association suisse pour les enfants précoces (ASEHP), sur la suisse romande. L’enfant se sent aussi libéré d’un poids en mettant un nom sur sa façon d’être». Une fois diagnostiqué, il est rassuré car il sait que d’autres vivent la même chose que lui. Officiellement, un résultat supérieur à 130 au test de QI, détermine ce haut potentiel. Cette photographie du cerveau s’accompagne aussi d’un bilan psychologique. Une curiosité, une sensibilité, une empathie exacerbées sont souvent des points communs partagés par les enfants précoces.
«S’intéresser à la vie à la mort, savoir pourquoi on est sur Terre quand on a quatre ou cinq ans en dit long sur leur fonctionnement», note Mme Huguelet. Pour ces cerveaux en ébullition permanente, sauter une classe, se retrouver entre eux et partager des activités, leur permet de maintenir le plaisir d’apprendre. Afin de mieux nourrir l’appétit des enfants à haut potentiel, professeurs et parents doivent leur donner une éducation plus riche, plus participative, plus stimulante.

François Jeand’Heur, Lafamily

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