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Adolescence et spiritualité - foi

En comparaison avec d’autres pays, en Suisse, la religion n’est pas une valeur essentielle pour les jeunes. D’abord individualistes, ils sont le reflet de la société de consommation. Pour ceux qui s’engagent, la foi reste une source de motivation intarissable.

 

Moins en Suisse, plus ailleurs

Comme on consulte le bulletin météo pour s’habiller, les parents pourront regarder le Baromètre de la jeunesse pour savoir ce qui motive leurs enfants. En 2013, cette enquête du Crédit Suisse, a été menée auprès d’un millier de jeunes de 16 à 25 ans, dans quatre pays au profil différent: Suisse, Brésil, Singapour, Etats-Unis. Selon l’étude, les jeunes suisses sont les moins religieux d’entre tous même si en 2013, 79% déclaraient appartenir encore à une communauté chrétienne. La famille, les amis sont davantage plébiscités. «Le post matérialisme et l’épanouissement personnel ressortent de l’enquête, commente Lukas Golder, responsable du projet, à l’institut de recherches gfs.bern. De bonnes conditions de vie doivent apporter autre chose que le seul confort matériel mais la possibilité d’exprimer sa propre personnalité, voilà ce que veulent les jeunes». Moins religieux, plus pragmatiques, les jeunes penchent pour l’authenticité, la solidarité, regardent autour d’eux plutôt que vers l’église, déconnectée de la vie ici-bas.

 

Au quotidien et au-delà

Après avoir officié de nombreuses années à travers le canton de Vaud, le pasteur et enseignant Claude Schwab constate que le lien spirituel s’est défait au fil du temps. «Il y a vingt ans, vous aviez 30 à 40 jeunes dans une paroisse quand aujourd’hui vous en avez à peine 10». L’évolution de la société, des mentalités est passée par là.  «Pas seulement en Suisse mais partout en Europe, la première religion, c’est la consommation!», constate-t-il. La faute aux parents aussi, si les enfants sont moins imprégnés par la foi. «La transmission ne se fait plus, on laisse à l’enfant la liberté de choisir quand il sera plus grand», déplore le pasteur. Sauf qu’une fois adulte, il se comporte en parfait consommateur et fait son «marché» parmi toutes les croyances existantes. Un peu de bouddhisme, d’islam, un bout de Jésus,…Ce bricolage religieux remet en question les fondements et les rites de l’église traditionnelle. Celle-ci tente bien de changer son image et de parler aux jeunes autrement.

  

Entre le cristal et la fumée

Pour Nathan, 22 ans, tous les moyens sont bons pour évangéliser autour de lui. «Depuis les JMJ à Rio, je transmets les valeurs chrétiennes à travers les réseaux sociaux, confie-t-il. Avoir des idéaux, c’est ce qui me pousse tous les matins».Tout comme lui, Adeline, 20 ans est aussi allée au Brésil et veut garder le «sillon», comme elle dit. Elle s’est jointe à l’organisation des JMJ de Suisse Romande, à Genève, qui ont lieu en mai. «Echanger, accorder du temps aux gens, ça reste un cadeau, un miracle qui apporte énormément», dit-elle comme une évidence. «C’est ce que j’appelle être entre le cristal et la fumée», décrit le pasteur Schwab, citant le philosophe Henri Atlan. «Pour la grande majorité, la religion est une nébuleuse, de la fumée, où l’on ne sait pas ce qu’on croit. Et puis pour d’autres, moins nombreux mais extrêmement engagés, c’’est le cristal, la porte d’entrée». Avec le temps, les notions d’amour, de justice, de solidarité, propres à la religion, se sont banalisées et détachées des institutions. La tolérance, l’éthique font toujours partie des valeurs des jeunes suisses mais à travers des thèmes plus ancrés dans leur actualité comme le racisme ou la xénophobie.

  

François Jeand’Heur

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