POLITIQUE FAMILIALE: LES FEMMES ET LES ENFANTS D’ABORD
A travers le débat récent sur l’accueil extrafamilial, ce sont les thèmes de la condition de la femme, l’équilibre famille-travail qui sont abordés. Une toute nouvelle étude sur l’égalité entre les sexes, encourage la promotion de structures d’accueil. La vie moderne et surtout urbaine, oblige à trouver des solutions pour que chacun puisse concilier vie de famille et travail.
Oui mais non
A 54,3%, la population a voté pour, mais la majorité des cantons a dit non et l’article concernant l’accueil extrafamilial a été rejeté. Le texte prévoyait que la Confédération prenne le relais des cantons et des communes, en fixant des dispositions à l'échelon national. Soutien ou ingérence ? C’est peut-être ce qui explique en partie le refus du projet. C’est ce que pense Fabienne Despot, députée UDC au Grand Conseil vaudois « Il est choquant de voir que seulement 1,4% des coûts de garde dans le canton de Vaud, sont assumés par la Confédération ! Les décisions doivent se prendre au niveau le plus bas possible ». La menace d’un état imposant aux communes des charges trop lourdes, a donc eu un effet dissuasif. Au-delà de l’aspect économique, ce sont deux conceptions de la famille qui se sont opposées. A la campagne, on favorise davantage les solutions de voisinage, grands-parents ou amis pour garder les enfants. La maman des villes, ne délaisse pas pour autant l’éducation de ses enfants. Elle a simplement besoin de structures qui correspondent aux conditions de la vie moderne.
A la loupe
Une étude de l’Infras et de l'Université de Saint-Gall, commandée par le Fonds national suisse, pose le problème d’une manière encore plus large. Ce programme national de recherche*, mené pendant plus de deux ans et qui paraît fin octobre, fait le lien entre l’offre d’accueil extrafamilial et l’égalité entre hommes et femmes. Susanne Stern, co-responsable du projet "Accueil extrafamilial et égalité", résume les conclusions de l’étude. «La prise en charge extrafamiliale pour les enfants d’âge scolaire conduit à une augmentation du travail à temps plein pour les mères. Cela signifie aussi une meilleure répartition des tâches au sein de la famille. Les pères s’impliquent davantage et sont de plus en plus nombreux à recourir au temps partiel». L’enquête invite les acteurs politiques à tous les niveaux, fédéral, cantonal, communal, à encourager la création de structures d’accueil. Cette offre quantitative et qualitative est un levier important de l’égalité homme-femme.
Désir d’enfant et désir d’avenir
Thérèse Meyer-Kaelin, ancienne conseillère nationale et présidente de la COFF**, estime qu’une prise de conscience voit le jour dans les entreprises. «Changer les mentalités prend du temps mais les choses évoluent». Si du côté de la loi, c’est toujours long, certains employeurs offrent des conditions de travail plus souples, comme le temps partiel, le télétravail. Des parents épanouis sont aussi des employés plus productifs. Dans le canton de Vaud, le partenariat public-privé a permis la création de plus de 6000 places entre 2007 et 2012. Inventer de nouveaux modèles et s’adapter, est l’un des enjeux de la politique familiale. Les familles recomposées, monoparentales, ont changé le paysage familial traditionnel. Tout comme les jeunes filles suisses, de plus en plus nombreuses à suivre des études et appelées à occuper des postes importants. Parce que la société change, elles voudront à la fois, s’épanouir en tant que mère et en tant que femme active.
François Jeand’Heur
* PNR 60, www.nfp60.ch
** Commission Fédérale de coordination pour les questions familiales
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