Article écrit par Elisabeth Thorens-Gaud,
Quand ils mettent un bébé au monde, la plupart des parents présument que leur enfant sera hétérosexuel. Un jour, leur fille Juliette épousera Roméo, ou alors Roméo leur fils épousera Juliette. Ils oublient qu’il existe parfois d’autres scénarios : que Juliette tombera peut-être amoureuse…d’une autre Juliette et que Romeo tombera peut-être amoureux d’un autre…Roméo. S’ils étaient mieux informés sur cette réalité, on peut imaginer que les parents éduqueraient leurs enfants en leur laissant entendre que l’amour peut se décliner de plusieurs façons : entre « elle » et entre « lui ».
Parce qu’il règne encore de nombreux préjugés négatifs sur l’homosexualité, parce que la plupart des parents ignorent tout de cette réalité, de nombreuses familles réagissent négativement à l’annonce de l’homosexualité de leur fille ou de leur fils. Dans les cas les plus extrêmes, certains rejettent leurs enfants. C’est ainsi que des ados se retrouvent à la rue du jour au lendemain, à l’instar de Gabriel, n’ayant qu’un vulgaire sac poubelle rempli de vêtements pour seul bagage.
Dès lors, pas étonnant que certains jeunes, parce qu’ils sont privés d’amour aient envie de mettre fin à leurs jours.
Les jeunes gays, lesbiennes et bisexuels qui ont vécu une réaction négative au sein de leur famille après avoir révélé leur orientation sexuelle sont davantage exposés au risque de suicide, de dépression, à l’usage de drogues et aux comportements sexuels à risque que leurs camarades qui ne sont pas ou peu rejetés.
Aujourd’hui, les spécialistes en santé publique sont unanimes : parmi la population adolescente, les tentatives de suicide sont plus élevées chez les homosexuels et les lesbiennes que chez les hétérosexuels. Un tiers des tentatives de suicide, voire des suicides chez les jeunes seraient liés à des questionnements sur leur orientation sexuelle. Ces jeunes ne souffrent pas d’aimer une personne de même sexe ! En revanche, ils se sentent « différents, anormaux, coupables, parce que les messages que nous leur renvoyons de l’homosexualité sont négatifs. Notre méconnaissance de la réalité homosexuelle fait des ravages sur la santé de ces jeunes.
Les parents et l’école sont les deux environnements sociaux dans lesquels les jeunes passent le plus clair de leur temps. Les parents et les professionnel-le-s de l’éducation sont donc de précieux allié-e-s pour soutenir ces adolescent-e-s, briser l’isolement qui conduit parfois à des gestes irréparables.
Homosexualité et parcours scolaire:
Pour un élève hétérosexuel, les périodes de collège sont souvent le théâtre des premiers émois, des premières amours. Quand j’observe mes élèves, ce qui me frappe, c’est à quel point leurs histoires de cœur les accaparent. C’est normal à cet âge, n’étions-nous pas pareils?
Pour un élève attiré par les personnes du même sexe, cette période d’exploration amoureuse se transforme souvent en cauchemar : comment Pierre, amoureux de Paul, oserait-il prendre la main de son amoureux quand tout le monde emploie le mot «pédé» pour désigner ce genre de relation ? Comment Marie s’autoriserait-elle à vivre un flirt avec Sandra si c’est pour se faire désigner de «gouine» ?
Comment ces enfants pourraient-ils se sentir normaux quand leurs professeurs ne prononcent jamais le mot «homosexuel-le», ne mentionnent pas que l’homosexualité existe, que c’est une singularité qui fait partie de la réalité de la vie?
Parce qu’il règne beaucoup de méconnaissance sur ce sujet, les enseignants, tout comme les parents, entretiennent encore de nombreux préjugés vis-à-vis de l’homosexualité.
Il est urgent que parents et intervenants en milieu scolaire s’informent, car l’homophobie nous concerne tous. C’est le rôle des parents de transmettre les valeurs morales et citoyennes. C’est à nous d’éduquer nos enfants, afin qu’ils s’ouvrent à la diversité. Nous devons leur expliquer que les moqueries font mal, que l’insulte «pédé» est inacceptable, en leur expliquant aussi pourquoi.
Rares sont les personnes qui n’ont jamais été mises à l’écart à l’école. Je pense que nous avons tous en nous des souvenirs de moments difficilement vécus en classe.
Alors apprenons à nos enfants à dire non à l’homophobie. Soyons attentifs à leurs propos, ne laissons rien passer qui puisse heurter autrui.
Et si votre enfant se plaint d’être mis à l’écart, écoutez ce qu’il vous dit. Soutenez-le. Au besoin, allez rencontrer sa ou son professeur-e pour tâcher de trouver des solutions ensemble. Il faut éviter que votre enfant s’isole.
Dites non à l’homophobie à l’école et dans les familles !
Que peuvent faire les parents pour prévenir le mal-être des jeunes gay et lesbiennes?
Que peuvent faire les parents qui ont du mal à accepter l’homosexualité de leur enfant?
Commentaires