Article écrit par Elisabeth Thorens-Gaud,
«Je me souviens précisément de l’instant où notre fille nous a annoncé qu’elle était tombée raide dingue amoureuse d’une copine. Nous papotions après le repas, comme nous avions souvent l’habitude de le faire. Je lui ai demandé si elle n’avait pas rencontré de beaux mecs sur les bancs de la Faculté. Elle m’a répondu : « Il n’y a pas que les mecs ! » Je ne m’attendais vraiment pas à devoir encaisser une pareille nouvelle ce soir-là. Comment aurais-je pu deviner que ma fille était homosexuelle, alors qu’elle avait fréquenté un garçon entre l’âge de quatorze et seize ans ? »
Témoignage tiré de l’ouvrage d’Elisabeth Thorens-Gaud,Adolescents homosexuels, des préjugés à l’acceptation.
Ce témoignage vous paraît familier ? Votre garçon vous a annoncé qu'il est gay, votre fille vous a annoncé qu'elle est lesbienne ? Vous vous sentez coupable, triste, seule/seul, inquiète/inquiet pour lui, démunie/démuni, en colère, honteuse/honteux ? Surtout, vous vous posez beaucoup de questions : qu’est-ce que l’homosexualité ? Mon enfant vivra-t-il heureux ? Comment vais-je en parler à mon entourage ?
Ces réactions sont légitimes, car rien ne prépare les parents à une telle situation. Plusieurs ont appris à associer l'homosexualité au malheur, à la honte et aucun parent ne souhaite voir son enfant souffrir. Il vous faudra du temps pour digérer la nouvelle et gérer toutes ces émotions. C’est normal. Il vous faudra cheminer vers l’acceptation.
Informez-vous, écoutez votre enfant et apprenez à voir plus loin que les idées préconçues sur l'homosexualité. Votre enfant est encore le même! Il n’a pas changé.
Il est important que vous le reconnaissiez dans sa différence, car s'il est difficile pour vous d'accepter son homosexualité, imaginez à quel point cela a pu l'être pour lui. Certains mettent des mois, voire des années avant de s'accepter eux-mêmes. Et puis, il lui a fallu une sacrée dose de courage pour vous parler.
Votre fille ou votre fils a besoin de votre soutien, de votre amour!
Et vous, les parents, n'ayez pas peur de demander de l'aide pour cheminer vers l'acceptation.
Les enfants qui ne sont pas soutenus par leurs familles se sentent isolés, rejetés, exclus. Ils sont plus sujets aux conduites à risque (rapports sexuels non protégés, consommation d'alcool et/ou de substances) ainsi qu'au suicide. Les enfants qui ne sont pas soutenus par leurs familles risquent de rompre les liens avec leur famille.
Mais qu’est-ce que l’homosexualité ?
L’homosexualité est une orientation sexuelle au même titre que l’hétérosexualité et la bisexualité. Le terme homosexuel-le désigne une personne qui éprouve de l’attirance physique et émotionnelle pour les personnes de même sexe. Une personne bisexuelle éprouve de l’attirance émotionnelle et physique pour les personnes des deux sexes. Entre 5% et 10% de la population serait concernée. L’homosexualité n’est pas une maladie, c’est une réalité de la vie.
Certaines personnes éprouvent beaucoup de difficultés, car elles ont le sentiment particulier d’appartenir au sexe opposé, malgré une morphologie sexuelle « normale ». On dit que ces personnes sont transsexuelles. La transsexualité n’est pas une orientation sexuelle, mais une identité de genre.
Mon enfant vivra-t-il heureux ?
Les parents se sentent souvent assaillis par des idées irrationnelles et préconçues. Ils ont peur de ce que leur enfant pourra souffrir socialement et psychiquement. Il faut savoir que dans les pays occidentaux, l’homosexualité est relativement bien acceptée. Même si les personnes homosexuelles n’ont pas encore obtenu l’accès aux pleins droits juridiques et sociaux, elles peuvent mener une vie affective, sociale, professionnelle et familiale épanouie. Certes, elles seront toujours confrontées à des réactions maladroites, voire homophobes. La plupart du temps, ces réactions sont liées à la méconnaissance. Les parents jouent donc un rôle essentiel pour lutter contre l’ignorance et vaincre les préjugés. En traitant votre enfant comme ses frères et sœurs, en acceptant de recevoir son conjoint à la maison, en parlant de votre fille ou votre fils sans cacher sa vie affective à vos amis, en étant fière/fier de votre enfant, vous contribuerez à faire progresser les mentalités !
Les jeunes acceptés par leurs familles et leur entourage développent généralement une bonne estime de soi.
L’homosexualité est-elle un choix ?
Contrairement aux idées reçues, demandez-le à votre enfant, les personnes homosexuelles n’ont pas choisi leur orientation sexuelle. En revanche, elles ont choisi de s’assumer comme telles. Certains individus, par peur du rejet ou peur de décevoir leurs proches, préfèrent ne pas vivre leur orientation sexuelle, même si cela implique une forme de déni.
Les personnes qui ont fait leur coming out auprès de leurs proches se sentent souvent libérées : elles peuvent enfin être elles-mêmes . Comme l’affirme Gilles: « Le premier effet positif (du coming out) est celui d’avoir enfin des rapports honnêtes et sincères avec les gens qui m’entourent. Plus besoin de se cacher, d’avoir honte. Je peux vivre pleinement ma jeunesse. »
Annonce de l'homosexualité de mon enfant à mon entourage
Faire son coming out de parents
Votre enfant vous a dévoilé son homosexualité. C’est une grande marque de confiance. S’il se sent probablement soulagé d’un grand poids, ce sera à présent à votre tour d’affronter les vicissitudes du coming out. Dois-je le dire ? A qui ? Comment ? Que va penser ma famille ? Et les amis, les voisins ? Telles sont les questions qui vous tracasseront. Vous voilà à votre tour confronté au regard des autres, voire aux remarques et aux comportements homophobes. Le coming out est un processus sans fin. La question « vais-je le dire ? » se reposera au gré de toutes vos nouvelles rencontres. Il n’y a pas de règle dans ce domaine. Faites appel à votre bon sens. Il est rare d’essuyer des réactions négatives dans un tête-à-tête. Parfois, il arrive que des personnes prennent leur distance. Mais dans la majorité des cas, cela se passe bien.
Que signifie l’expression «Coming out» ?
L’expression «coming out of the closet» ou «sortir du placard » tirerait son origine de l’anglais «skeleton in the closet» : «squelettes dans le placard», qui fait référence à des secrets de famille, à des choses que l’on voudrait garder cachées. Faire son coming out signifie dévoiler son homosexualité à son entourage. Le coming out n’est pas une action bien délimitée dans le temps : la question se pose pratiquement à chaque nouvelle rencontre, dans chaque nouvelle situation. C’est un processus sans fin.
Vous êtes certainement assailli par une foule de questions, vous ne savez pas comment réagir :
Votre enfant est certainement le mieux placé pour vous épauler dans ce processus car il est le premier concerné. Comme le dit cette maman : « je demande toujours à ma fille si j’ai droit de le dire à telle ou telle personne, et je respecte sa décision. Je n’en parlerai pas à quelqu’un sans son accord. Comme son orientation sexuelle ne lui pose aucun problème, qu’elle n’en fait pas un tabou, ma fille m’a dit que je pouvais le dire à qui je voulais. Si je sens que cela pourrait lui nuire, je reste discrète.»
Il est important pour l’estime de soi de vos enfants que vous soyez ouverts auprès de votre entourage. Rien de pire qu’une famille qui n’invite pas le/la partenaire de son enfant aux grandes occasions. Imaginez comment vous vous sentiriez si vous ne pouviez jamais vous rendre à une fête, une soirée, avec votre compagne/compagnon ? Pire, que vos proches, vos amis ignorent votre femme-mari car ils en seraient honteux ? C’est pareil pour les personnes homosexuelles. Elles ont besoin de partager les moments importants de leur vie avec la personne qu’elles aiment.
Les gays et les lesbiennes qui ne sont pas acceptés par leur famille finissent par rompre les liens les unissant à leur famille.
Le premier coming out est souvent le plus difficile à faire. Puis, comme ce processus dure toute une vie, avec l’apprentissage, il devient plus léger car les personnes prennent confiance en constatant qu’il se déroule bien la plupart du temps. Il est en effet rare qu’un coming out se déroule mal en tête à tête. Il vous faudra peut-être de la patience pour expliquer à votre entourage ce que cela signifie d’être homosexuel-le. Rappelez-vous qu’il règne encore beaucoup d’ignorance autour de cette réalité. Alors prenez votre courage à deux mains, saisissez votre bâton de pèlerin et lancez-vous !
Si vous épaulez votre enfant pour qu’il soit accepté par ses grands-parents (qui se montrent souvent bien plus ouverts que les parents, on serait surpris !), votre famille, vos amis, la vie sera plus légère pour tout le monde. En éduquant votre entourage, vous ferez taire les clichés et vaincrez les préjugés sur l’homosexualité. Si cette tâche vous semble trop ardue, au-dessus de vos forces, prenez votre temps (mais pas trop longtemps quand même) et cherchez de l’aide auprès d’une association de votre région.
Votre garçon vous a annoncé qu'il est gay, votre fille vous a annoncé qu'elle est lesbienne. Vous vous sentez coupable, triste, seul, démuni, en colère, honteux?
Ces réactions sont légitimes, car rien ne prépare les parents à une telle situation. Plusieurs ont appris à associer l'homosexualité au malheur, à la honte et aucun parent ne souhaite voir son enfant souffrir. Il vous faudra gérer toutes ces émotions, et cela vous prendra peut-être du temps. Informez-vous, écoutez votre enfant et apprenez à voir plus loin que les idées préconçues sur l'homosexualité. Votre enfant est encore le même! Il est important que vous le reconnaissiez dans sa différence, car s'il est difficile pour vous d'accepter son homosexualité, imaginez à quel point cela a pu l'être pour lui. Certains mettent des mois, voire des années avant de s'accepter eux-mêmes. Et puis, il lui a fallu une sacrée dose de courage pour vous parler. »
« Certains parents s’escriment toute leur vie à trouver une cause à l’homosexualité de leur enfant. Mais ils peuvent tourner en rond indéfiniment. Les théories freudiennes selon lesquelles le père ou la mère ont une influence déterminante sur l’orientation sexuelle de l’enfant, n’ont jamais été démontrées pour qui que ce soit. Par ailleurs des douzaines d’études, faites dans le monde entier, ont révélé que l’orientation sexuelle des parents n’a pas d’influence sur celle de leurs enfants. Sans quoi, les enfants élevés par des parents homosexuels le seraient aussi, ce qui est loin d’être le cas. Ils n’ont pas davantage de propension à être homosexuels que les enfants élevés par des parents hétérosexuels. L’influence du milieu familial n’est donc pas déterminant, pas plus qu’un prétendu phénomène de contagion ne peut se vérifier.
Pourquoi quelqu’un est-il homosexuel ? On ne le sait pas. L’état actuel de la science n’apporte aucune réponse concluante à ce sujet, malgré le grand nombre d’hypothèses surgies depuis plus d’un siècle. Il n’y a aucun facteur prédominant dans l’homosexualité ; ni une constellation familiale, ni un père absent, ni un oedipe tronqué, ni une hérédité. Personne n’a trouvé LA cause de l’homosexualité. En réalité il existe une multiplicité de facteurs et de causes possibles qui contribuent à la construction d’une identité homosexuelle. Chercher une cause à l’homosexualité de son enfant est un exercice d’autant plus épuisant qu’il est vain. »
Question posée à Marina Castaneda* dans le livre Adolescents homosexuels, des préjugés à l’acceptation, paru aux éd. Favre, 2009.
« Certains parents pensent que leur enfant est homosexuel parce qu’il a été influencé par un partenaire. Ce n’est évidemment pas le cas. Peut-être que ses sentiments amoureux ont fini de convaincre votre enfant de son homosexualité, mais ils ne peuvent pas avoir influencé son orientation sexuelle. L’homosexualité n’est pas un choix ; si certains mettent longtemps à l’accepter, ils reconnaissent ensuite, la plupart du temps, que cela les a habités depuis toujours. »
Extrait tiré de « Mon fils, ma fille est homo, qu’est-ce que ça change ? » publiée par l’association belge exaequo**.
Il est important que vous acceptiez votre fille ou/et votre fils dans sa différence. Les adolescents homosexuels, surtout quand ils sont peu soutenus et rejetés par leur famille, sont plus exposés au conduites à risque (abus d’alcool, de substances, rapports non protégés), au décrochage scolaire et commettent plus de tentatives de suicide, voire se suicident plus que les adolescents hétérosexuels.
Votre enfant n’a pas choisi d’être homosexuel. Mais vous pouvez choisir de le soutenir !
Informez-vous, demandez du soutien pour vous aider à cheminer vers l’acceptation, rencontrez d’autres parents vivant la même situation.
Comment et où se faire aider ?
En Suisse romande, il existe de plus en plus de lieux de parole pour les parents (voir les adresses des associations en bas de page).
Surtout, évitez de vous isoler. Osez en parler avec votre entourage. Vous serez certainement surpris en bien par la réaction de vos proches. Et puis, discutez avec votre enfant. A présent qu’il ne porte plus le poids de ce « secret », vous pourrez enfin développer des relations authentiques et vous enrichir de vos diversités.
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