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Les dangers de l’exposition des enfants sur les réseaux sociaux. Il est urgent de les protéger.

Les enfants ne sont pas des poupées.
Protégez-les !

Les dangers de l’exposition des enfants sur les réseaux sociaux

Un article écrit par Anne Jeger, psychologue clinicienne

Les enfants ne sont ni des peluches, ni des doudous, ni des mascottes.
Non.

Les enfants sont des êtres en devenir, distincts de leurs parents, qui ont besoin de nourriture saine pour bien grandir physiquement, psychologiquement, émotionnellement et spirituellement. Car ils sont dépendants des adultes autour d’eux qui sont censés être responsables d’eux. 
Aujourd’hui, à l’heure des réseaux sociaux, de l’exhibitionnisme et du voyeurisme (et je pèse mes mots), les enfants sont tout le temps exposés. 

Pris en photos ou filmés. Pour tout. Il mange une glace, photo. Il se baigne, photo. Il joue avec le chat, photo. Je ne vous parle pas d’une photo par ci, par là. Non. Je vous parle d’une déflagration de photos. Sans arrêt derrière l’objectif. Sans arrêt obligé de regarder l’appareil. Et souvent obligés de sourire. 

Les enfants ne sont pas des marionnettes. Les enfants ne sont pas des faire-valoir. 
Le plus grave, c’est que leurs photos ou vidéos circulent sur les réseaux comme Instagram, Facebook, entre autres. 
C’est très inquiétant. Voire alarmant.

Pour toute cette génération d'enfants qui se voient exposés devant le monde sans n’avoir rien demandé. 

Le droit à l’image est règlementé.

Les enfants, en particulier les plus jeunes, ne sont souvent pas en mesure de comprendre ou de consentir à être pris en photo. En grandissant, ils pourront ressentir une gêne voire de la honte en voyant que de nombreuses photos et vidéos d'eux ont été partagées sans leur accord. Ce respect de leur vie privée est fondamental pour leur autonomie et leur confiance en eux. A terme, cela risque de créer des tensions dans la relation parents-enfant. Voire des ruptures. Et peut malheureusement créer des troubles psychologiques conséquents.

Le partage excessif de photos d'enfants sur les réseaux sociaux peut exposer les enfants à des risques. Cela peut aller de la simple perte de contrôle sur qui voit ces photos et ces vidéos, à des problèmes plus graves comme le harcèlement, l'usurpation d'identité ou l'exploitation. Une fois publiées en ligne, ces images sont souvent impossibles à retirer complètement.
Chaque photo publiée en ligne contribue à l'empreinte numérique de l'enfant; une trace qui peut être difficile à effacer. Cette empreinte numérique pourrait avoir des conséquences à long terme, notamment lorsque l'enfant devient adulte et découvre que son passé en ligne est visible par ses employeurs potentiels, ses amis, ou même le public.

Regardez cette vidéo. Elle se passe de commentaire.
https://www.youtube.com/watch?v=xrpVBuUDS1s

Être responsable de ses enfants c’est s’engager à donner le meilleur en l’encourageant et le soutenant pour devenir un homme ou une femme debout, et en le protégeant pour faire respecter son intégrité.
Certains parents peuvent ressentir une pression pour montrer une image parfaite de leur famille en ligne, en prenant et en partageant constamment des photos. Cela peut conduire à une forme de comparaison sociale qui est inutilement stressante, tant pour les parents que pour les enfants.
On sait que notre société souffre d’une grande blessure narcissique. Pas seulement à cause d’un manque d’amour pour certains, mais aussi parfois à cause de trop d’amour. Cet amour qui possède, contrôle, dirige, exige, étouffe.
Oui on peut souffrir de trop d’amour, d’être trop valorisé, regardé, photographié.

Si on reste dans l’inconscience toute sa vie, dans l’ignorance ou le déni de ses failles, on va chercher l’objectif (de l'appareil) toute sa vie. Le regard de l’autre. Souvent en vain.

Une chute douloureuse

Mettre son enfant au centre tout le temps, l’analyser, le faire passer avant soi, le photographier, etc. crée une dépendance. Comme une drogue. Il sera accroc de ce besoin d’être au centre de tout. Et si un jour il n’y a pas la déflagration de photos ? Et si un jour il n’y a plus de valorisation ? Que va-t-il se passer ?
La chute risque d’être très douloureuse. 

Sans le savoir ou le vouloir, en braquant sans arrêt les phares sur eux, le risque est de les emprisonner dans l’image que l’on se fait d’eux. Et ces enfants-là, pour faire plaisir à leurs parents, les faire sourire et obtenir la récompense (c’est bien, bravo !) vont se sur-adapter. Sourire devant l’objectif. Mais peut-être qu’ils ne le veulent pas. Ont-ils le choix ?

En fait, c’est épuisant pour les enfants de se sur-adapter pour faire plaisir, sourire, satisfaire.

En grandissant dans un environnement où leur image est constamment capturée et parfois partagée, les enfants peuvent développer une conscience excessive de leur apparence ou de la manière dont ils sont perçus par les autres. Cela peut influencer négativement leur développement personnel et leur estime de soi, les rendant trop conscients de leur image publique dès leur plus jeune âge.

Rappelez-vous toujours que les enfants ne sont pas des répliques de leurs parents. Ils sont des êtres à part entière.
Pour se construire, ils ont besoin d’être dans une relation saine et respectueuse avec des adultes qui les font grandir le plus harmonieusement possible.
Sans écran entre eux.
Les yeux sont le miroir de l’âme (Cicéron). C’est ce regard-là -  et pas l’objectif - qui va les révéler à eux-mêmes. 


Conclusion
Passer trop de temps à photographier ou filmer ses enfants éloigne de la nécessité de vivre pleinement le moment présent avec eux. 
Le désir de capturer chaque instant peut nous distraire de l'expérience réelle et authentique avec eux, où l'interaction et la connexion sont essentielles. 
Car tisser des liens durables et profonds avec ses enfants passent par le renforcement d’interactions significatives, des conversations, des jeux et des échanges affectifs qui nécessitent une présence totale. En étant pleinement présents, nous montrons à nos enfants qu'ils sont notre priorité, ce qui nourrit leur estime de soi et leur sentiment de sécurité. Dans le cas contraire, ils pourront se sentir négligés.
Il ne s'agit pas d'arrêter complètement de prendre des photos ou de filmer des scènes de la vie de ses enfants, mais de le faire avec modération et en tenant compte de toutes ces considérations. 
Et je pose cette question : aurions-nous aimé enfant, et surtout adolescent, tomber sur des photos ou des vidéos de nous sur les réseaux ?

Ici une autre vidéo qui met en évidence les dégâts psychologiques qu’occasionne l’affichage des photos et des vidéos d’enfants sur les réseaux sociaux.

Doc à la Une :
Enfants sous influence – Surexposés au nom du like 
Des parents gagnent leur vie en utilisant l’image de leurs enfants. Sans leur consentement. On appelle cela de l’exploitation.
https://www.rts.ch/play/tv/doc-a-la-une/video/enfants-sous-influence-surexposes-au-nom-du-like?urn=urn:rts:video:15114773

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