Une nouvelle fois, l'étude de l’Université de Fribourg révèle que dans certaines familles, les violences physiques et psychologiques envers les enfants font partie du quotidien.
Force est de constater qu’en 2024, il y a encore des parents suisses pour qui la violence est un moyen d’éducation.
« Même si l’on enregistre une baisse depuis 2004, on s’aperçoit qu’une minorité de parents continue à utiliser la violence de manière régulière, observe Dominik Schöbi, psychologue à l'Université de Fribourg et responsable de l'étude commandée par la fondation Protection de l'enfance Suisse. Ces actes plus ou moins violents et répétés sont traumatisants et ont des répercussions sur la santé de l’enfant à long terme. »
Dans l’étude, sont répertoriées les différentes formes auxquelles ont recours les parents maltraitants.
Outre les classiques gifles et fessées, sont cités pêle-mêle, les coups avec ou sans objet, la douche froide, le tirage de cheveux…
Selon l’étude, 38% des parents interrogés ont dit avoir usé de violence physique, mais seulement 6,2% de manière régulière.
« Par ailleurs, les pédiatres rapportent que les cas de violences psychologiques ont augmenté, ajoute Regula Bernhard Hug, directrice de la Protection de l’enfance Suisse. Derrière ces attitudes, il y a l’intention et la volonté de blesser, d’humilier son enfant. »
Au total, 21% des parents interrogés se montrent menaçants, remettent en cause leur attachement à l’enfant. Du côté des raisons, les tensions d’ordre financier ou au sein du couple ou encore le fait d’avoir été soi-même l’objet de violences dans sa propre enfance expliquent en partie ces multiples dérapages. Pour y remédier, une prise de conscience ainsi qu’une position claire des autorités sont nécessaires.
Se défaire de pratiques éducatives d’un autre temps suppose un changement des mentalités et moins de complaisance.
« Ces violences sont banalisées si déjà autour de soi, on considère qu’une gifle ou une fessée ce n’est pas un problème, souligne Mme Bernhard Hug. Par contre, si la société dit que c’est interdit, qu’on ne tolère plus ces agissements, on va modifier la norme et notre regard. »
C’est dans ce sens qu’œuvre le Conseil fédéral qui a récemment mis en consultation une nouvelle loi visant à inscrire dans le code civil une éducation sans punition corporelle ou psychologique.
« La loi doit être plus explicite et bien définir ce qui est violent appuie M. Schöbi. On doit bannir les comportements extrêmes ou chroniques qui mettent en danger la sécurité émotionnelle, affective de l’enfant, son estime de soi. »
A ne pas confondre avec l’absence de cadre et de limites ou avec l’idée de contenir ses émotions et d’éviter tout conflit.
« Bien des situations peuvent générer de la colère chez les parents, convient M. Schöbi. Simplement, elle doit s’exprimer momentanément et dans un contexte où l’enfant peut comprendre pourquoi ça arrive. »
Une approche éducative sans coups ni paroles blessantes n’empêchent donc pas de gronder et de faire respecter les règles.
« On peut critiquer le comportement de son enfant sans lui reprocher son caractère, sans dénigrer ce qu’il est », résume Mme Bernhard Hug.
Les campagnes de prévention démontrent que de nombreux parents sont prêts à changer et à opter pour des alternatives non-violentes.
Encourageant, non ?
François Jeand’Heur
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