Nourriture trop riche, manque d’exercice physique, le Dr Vittorio Giusti, directeur médical du Centre médico-chirurgical de l’obésité de La Source, explique à Vaudfamille combien l’obésité et le surpoids progressent à l’échelle mondiale y compris en Suisse.
Vaudfamille – L’obésité fait des ravages à travers le monde entier ?
Dr Vittorio Giusti – Aux États-Unis, c’est presque la moitié de la population qui est obèse. En Europe, c’est entre 20 et 30%, et en Suisse environ 12%. Même les pays asiatiques sont touchés par la globalisation qui transforme et occidentalise leurs habitudes alimentaires.
Il peut y avoir des facteurs génétiques, héréditaires, mais c’est surtout le style de vie sédentaire qui est en cause. On bouge toujours moins donc on se dépense moins et à l’inverse nous avons une alimentation trop riche en calories avec des produits raffinés pour la plupart. Ceux-ci sont pauvres en fibres et ne nous rassasient pas. Par conséquent, on en mange plus et on grossit forcément.
Aujourd’hui, on est stressé tout le temps et nous compensons ce stress par la nourriture. Contrairement à nos ancêtres qui connaissaient un stress aigu de courte durée quand ils devaient échapper aux animaux préhistoriques, maintenant nous sommes dans un état de stress chronique. Manger qui est un besoin vital devient alors une récompense, un antistress, un antidépresseur qui nous donne rapidement et facilement du plaisir.
Il peut y avoir des répercussions d’un point de vue orthopédique avec un excès de poids qui pèse sur les articulations entraînant des problèmes d’arthrose. Trop de graisse peut être aussi synonyme de cholestérol, d’hypertension, de diabète. De jour comme de nuit, l’organisme fonctionne moins bien, les poumons manquent d’oxygène et certains peuvent souffrir de l’apnée du sommeil. Pathologies, risques cardiaques, métaboliques, orthopédiques, respiratoires, la liste des dangers liés au surpoids est longue.
Manque d’estime de soi, anxiété, dépression et phobie sont effectivement associés à l’obésité sur le plan psychologique. Notre société crée des obèses, mais ne les aime pas, elle les discrimine, les stigmatise, les culpabilise. Si les scientifiques reconnaissent l’obésité comme une maladie, ce n’est pas le cas au niveau social. C’est pourquoi la prise en charge se fait de manière multidisciplinaire dans les centres spécialisés.
Dans notre équipe à La Source, nous avons plus de psychiatres et de psychologues que de diététiciens.
C’est environ 1 élève sur 6 qui est touché, à peu près 19% selon les données. Il n’y a pas de chiffres à l’échelle nationale, mais chaque canton a ses propres analyses. On constate une stabilisation ces dernières années avec tout de même une augmentation des cas graves chez les jeunes adultes. Des enfants en situation d’obésité modérée deviennent des adultes avec de potentielles formes sévères ou graves d’obésité.
Plutôt que de mettre en place un régime dont on connait l’effet yoyo, il est préférable de trouver un équilibre plus réaliste et tenable au quotidien. Quand on fait les courses, que l’on compare les paquets de biscuits, les sodas aux fruits et légumes que l’on vient d’acheter, il n’est pas difficile de réduire voire de supprimer 100 à 200 calories par jour.
Il faut que les parents sachent aussi que les céréales, les boissons énergisantes très à la mode chez les jeunes sont hypercaloriques et rendent addict au sucre.
Tout le monde les connait en effet, mais à l’ère de la télécommande, de l’automatisation, cela demande des efforts pour changer nos comportements.
Prendre les escaliers plutôt que l’ascenseur, ne pas grignoter de façon compulsive dès qu’on est stressé sont des bonnes habitudes à adopter sur le long terme. En actionnant les deux leviers que sont l’alimentation et l’activité physique, on y arrive, on finit par faire pencher la balance du bon côté.
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