En effet, un mode de fonctionnement s’apprend dès l’enfance par la répétition du modèle familial. Si vous avez souffert de maltraitance dans l’enfance, il y a fort à parier que vos parents en ont subi aussi. Mais si vous êtes en train de lire cet article, c’est peut-être parce que vous êtes celle ou celui qui veut y mettre fin et qui souhaite semer des graines d’amour, de joie et de respect dans votre famille et chez vos enfants !
Or, être parent n’est de toute façon pas facile, et quand vous êtes celle ou celui qui met fin à la violence transmise de génération en génération, les défis sont encore plus nombreux, entre autres parce que :
Alors… comment faire ?
Voici quelques pistes pour distinguer différentes formes de violence intrafamiliale envers les enfants et y voir plus clair :
Coups, gifles, coups de pied, bousculades, pincements, jets d’objets et brûlures font partie des actes les plus évidents. Mais certains cris peuvent être si terrorisants et menaçants qu’ils peuvent être assimilés à de la violence physique, parce que l’enfant se sent menacé dans son intégrité physique.
La violence d’un parent envers l’autre est traumatisante pour l’enfant aussi. L’enfant peut se sentir menacé et est mis face à un très mauvais modèle.
La violence sexuelle est l’utilisation du corps d’un enfant à des fins sexuelles, que l’enfant ait conscience ou non de ce qui lui arrive.
Elle peut prendre des formes très diverses, notamment (liste non exhaustive) :
Mais il y a aussi tous les comportements plus insidieux, que l’on peut regrouper sous l’expression «inceste psychologique», par exemple des allusions ambiguës, ou les comportements de type «incestuel», soit la confusion des registres relationnels : l’enfant peut p. ex. être utilisé comme confident par l’un des parents pour des questions sexuelles, ou un parent voit son enfant comme un rival amoureux par rapport au conjoint.
La négligence désigne la non-satisfaction des besoins de base de l’enfant en matière d’alimentation, d’hygiène, d’habillement, d’éducation, d’assistance, de sécurité et de surveillance.
L’absence de règles et de limites fait aussi partie de cette catégorie.
La négligence est fréquente dans des familles où les parents ont un mode de vie très destructeur (p. ex. alcoolisme, toxicomanie). Les parents obligent alors les enfants à se prendre en charge eux-mêmes, et ceux-ci assument des responsabilités totalement exagérées pour leur âge. Dans ces familles, les enfants ne connaissent que peu de moments d’insouciance.
Les parents ne donnent pas d’amour, ou très peu. L’enfant est laissé à lui-même, face à des sentiments et des émotions qu’il est incapable de comprendre et de gérer.
Ses émotions ne sont pas validées, il ne reçoit pas ou peu de compréhension, d’empathie, d'encouragement, de reconnaissance, de réconfort, de tendresse.
Il n’est pas rassuré quand il a peur.
L’expression des émotions et des sentiments, loin d’être encouragée, peut même susciter la colère de certains parents. Ces enfants apprennent donc qu’il vaut mieux être dans le déni de ce qu’ils ressentent.
Les parents dominateurs, trop autoritaires, ne respectent pas le besoin grandissant d’autonomie de leur enfant. Ils imposent des règles trop restrictives et sont trop contrôlants par rapport à l’âge de leur enfant quant au choix des amis, des loisirs, de la voie professionnelle p. ex. L’enfant aura alors de la peine à explorer ses propres goûts, ses propres envies et sa créativité, et ce sera plus difficile pour lui de développer sa singularité.
C’est une forme de maltraitance souvent difficile à repérer et la gravité de ses conséquences est généralement sous-estimée.
Or la violence psychologique porte atteinte à l’essence de ce qui fait de nous ce que nous sommes : notre intégrité psychologique.
Lorsque c’est un enfant qui en est victime, cette violence entrave sa capacité à apprendre à se connaître, à réfléchir par lui-même, à développer le sens de la cohérence, à se connecter à lui-même, à s’aimer et à aimer, à s’écouter, et tant d’autres choses…. C’est une grave atteinte qui pèse lourdement sur la façon dont l’enfant pourra vivre sa vie d’adulte.
Ce qui complique aussi les choses est que la violence psychologique est plus difficile à reconnaître. Prises isolément, les situations de ce type de violence ne semblent pas toujours graves. La violence psychologique peut donc évoluer de manière masquée, et il est plus difficile d’y réagir. De plus, cette forme de violence ne laisse pas de trace visible et est difficile à mettre en mots et à partager avec l’entourage. L’entourage, d’ailleurs, souvent, ne comprend pas la gravité de ce qui se passe, et risque de ne pas réagir.
La violence psychologique est quasiment toujours présente dans toutes les autres formes de violence, et elle persiste d’ailleurs souvent lorsque l’enfant devient adulte.
C’est évidemment plus facile à dire qu’à faire, d’autant plus que les blessures peuvent se manifester sous des formes très variées (liste non exhaustive) :
1. Arrêtez de vous en vouloir ou de culpabiliser, et soyez bienveillant-e envers vous-même !
Vous n’avez pas choisi d’être maltraité(e) et de souffrir des conséquences de cette maltraitance ! Il est certes de votre responsabilité d’agir au mieux pour y mettre fin, mais vous flageller à cause de ces conséquences ne sert à rien et ne fait qu’aggraver les choses.
2. Apprenez à prendre soin de vous, à nouer des relations enrichissantes, soutenantes, ne vous en voulez pas pour vos échecs, mais faites-en des occasions d’apprendre et de grandir.
Traitez-vous avec la bienveillance, l’amour, l’attention dont vous avez tant manqué. Demandez de l’aide, trouvez un bon thérapeute si nécessaire et félicitez-vous pour chaque pas en avant !
3. Développez votre intelligence émotionnelle :
considérez les émotions comme des signaux : les émotions ont un message à transmettre, écoutez-le ! Puis adoptez le comportement adéquat qui vous permet d’avancer au mieux, selon la situation.
4. Soyez conscient-e des injustices que vous avez vécues, soyez lucide !
Sortez du déni, de la complaisance et de la soumission ! Mais ne perdez pas de temps et d’énergie avec de la colère.
Si une juste indignation peut faire partie d’un processus sain et nécessaire pour vous protéger de comportements toxiques d’autrui (surtout si vous n’aviez pas le droit à la colère en tant qu’enfant ou adolescent), mettez votre énergie là où ça vous fait du bien.
Soyez ferme, éloignez-vous des personnes qui vous font du mal, évitez-les, affirmez-vous., et entourez-vous de personnes bienveillantes, soutenantes, authentiques.
Et s’il reste de la colère, pourquoi ne pas essayer de la métamorphoser en une rage créatrice ? Humour, écriture, art, engagement… à vous de voir. Ne vous attendez pas pour autant à être un bouddha zen du jour au lendemain ! Soyez indulgent envers vous-même, tout en avançant vers ce qui est bon pour vous.
Apprenez à vos enfants à se respecter, à se faire respecter et à respecter les autres
Il ne s’agit pas pour autant de devenir un parent « parfait » ; ça n’existe pas !
Votre démarche ne sera pas toujours facile. De plus, elle ne sera pas toujours reconnue à sa juste valeur par votre entourage familial. Soyez donc conscient-e du chemin parcouru, de votre courage et des graines de respect, de joie et d’amour que vous semez dans votre famille et pour les générations futures, qui vous devront une fière chandelle !
Quelques livres...
Ursula Sila-Gasser
Coach de vie et thérapeute agréée ASCA, spécialisée dans l’accompagnement d’adultes ayant grandi avec des parents toxiques et/ou ayant vécu des relations toxiques.
www.happy-life-coaching.ch
www.orientation-solution.ch
Commentaires