Le fait qu’un enfant soit triste ou agité n’est pas forcément un signe de dépression.
Les affects négatifs font partie de la vie d’enfant quand ils sont reliés à des événements douloureux. Il est normal d’être triste quand on perd un être cher.
Article écrit par Anne Jeger, psychologue clinicienne
La dépression chez l’enfant est marquée par un changement soudain et durable des symptômes suivants :
- Une tristesse manifeste
- Des troubles du sommeil
- Des troubles de l’alimentation
- Des difficultés scolaires : baisse de la concentration, chute des résultats, phobie scolaire
- De l’anxiété
- Une perte d’intérêt général et une perte de plaisir (démotivation)
- Des comportements nouveaux : inhibition ou agitation voire agressivité
- Une douleur morale (dévalorisation, culpabilité, pensées négatives) qui se traduit par des mots : « J’ai envie de rien….je suis nul…je n’y arrive pas…personne ne m’aime…c’est de ma faute »
- Des plaintes somatiques : maux de ventre, maux de tête, nausées, vertiges, etc.
- Possible tentative de suicide
On ne peut pas parler de dépression si l’un de ces signes est isolé.
Par ailleurs, il arrive que l’enfant ne manifeste pas de symptômes psychiques au premier plan mais plutôt des plaintes somatiques. On parle de dépression masquée.
Il est difficile de savoir avec précision quels enfants ont le plus de risque de se déprimer. Les études actuelles ont distingué deux types de facteurs dont on pense qu’ils peuvent avoir une incidence sur la dépression (Myriam Szejer) :
Facteurs biomédicaux de la dépression chez l'enfant
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Si l’enfant a déjà fait un épisode dépressif, il a plus de risque d’en faire un deuxième
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Antécédents parentaux ou familiaux de dépression
- Certains types de maladie somatiques (diabète) ou psychiques (trouble anxieux, hyperactivité) sont associés à une fréquence plus importante d’épisodes dépressifs
- Troubles de l’apprentissage
Facteurs psychosociaux
- Conflits familiaux ou avec les camarades
- Deuil récent
- Difficultés ou échec scolaires
- Discrimination ou exclusion sociale
Que faire lors d'une dépression chez l'enfant ?
Une fois les symptômes repérés par les parents ou la maîtresse d’école, il faut prendre rdv chez le pédiatre afin de confirmer ou non la dépression infantile. Ce dernier orientera l’enfant vers un pédopsychiatre pour un suivi régulier, parfois en présence de ses parents – car ils ont aussi besoin de soutien.
La famille et l’entourage (l’école également) doivent se montrer réconfortants et rassurants. La collaboration parents-pédiatre-pédopsychiatre et école est un facteur de protection.
La dépression toucherait plus de 2% des enfants. C’est la manifestation d’une souffrance qu’il faut prendre au sérieux. Il n’y a pas à en avoir peur, mais à en prendre soin.
« Chacun est confronté, un jour ou l’autre, à la séparation, à l’échec ou au deuil, et aux sentiments de détresse et de désespoir qu’ils provoquent. Par ailleurs, l’adversité et le stress sous toutes leurs formes sont souvent inévitables, parfois chroniques et incontrôlables. Les enfants ne sont évidemment pas épargnés ». Jean E. Dumas.
Pour en savoir plus sur le sujet, Anne Jeger est l’auteure du livre « Regard d’une psychologue sur les enfants, la vie de famille et les épreuves du couple. » (A commander sur => lafamilyshop.ch) et chez Payot à Lausanne
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