Résumé d'une conférence animée par le Dr Pierre-André Michaud, Responsable de l'UMSA, Consultations adolescents.
Le mot crise, étymologiquement n'a pas de connotation péjorative. C'est un changement brutal, une phase décisive qui peut être un problème mais aussi une chance.
La puberté est comme une fusée qui place l'adolescent sur son orbite d'adulte. Elle entraîne un changement corporel brutal accompagné d'une plus grande fatigabilité, d'une relative maladresse. Il devra se situer par rapport à son corps et à son sexe. Il y a un grand décalage entre les filles et les garçons. Elles sont pubères plus jeunes et peuvent l'être dès 8 ans jusqu'à 13 ans, les garçons depuis 9 ans jusqu'à 14 ans.
Problème complexe: Dans une même classe d'âge, on retrouvera des enfants dont la maturité est très différente. La précocité de la puberté semble avantager l'adolescent en influant sur le développement cérébral. Les filles, pubères plus jeunes, sont souvent plus brillantes scolairement que les garçons.
Les jeunes sont pubères de plus en plutôt: selon une étude faite en 1962, l'âge moyen de la puberté est passé de 16 ans 1/2 à 13 ans en 150 ans. Par ailleurs, l'âge du mariage est maintenant très différent de l'âge de la puberté.
Qu'est-ce que l'adolescence et quand prend-elle fin ?
L'adolescence est définie en fonction d'objectifs:
L'adolescent est pris dans une double contrainte: Il doit s'affranchir de la dépendance par rapport aux adultes, apprendre à gérer ses émotions, ses activités, ses projets. Mais, il doit aussi apprendre à dépendre, à ne pas verser dans l'autarcie. Les conduites de dépendance signent un blocage du processus de développement et l'incapacité d'affronter cette double contrainte.
Pour l'adolescent c'est la découverte d'un corps nouveau, de sensations nouvelles, de l'échange avec l'autre, d'un juste milieu entre dépendance et autonomie. C'est l'apprentissage de diverses contraintes, la maîtrise des risques (grossesse, maladie sexuellement transmissible...)
Il y a 3 types de croissance:
L'adolescent vit dans une société en transition marquée par la baisse des valeurs traditionnelles et l'augmentation des valeurs de consommation. D'où un désarroi chez le jeune dont la période d'adolescence s'allonge qui se répercute au niveau de sa santé : Il se pose beaucoup de questions sur son corps, sa santé. Il a besoin d'être écouté, qu'on lui réponde. La majorité des jeunes va bien, mais une minorité cumule des problèmes de santé majeurs: problèmes de croissance, avatars liés à la vie sexuelle, troubles fonctionnels, de la conduite alimentaire, usage de drogue, dépression,...
Plus d'1 fille sur 2 demande qu'on l'aide à gérer son stress. Par ailleurs, le site Internet www.ciao.ch, site dédié aux jeunes, est le reflet de leurs préoccupations qui sont multiples: stress, déprime: un des grands problèmes de la Suisse ( Taux de suicide des jeunes le plus élevé d'Europe). Souvent les jeunes peinent à se confier à leurs parents et ils cherchent un relai chez leurs copains.
4 signes d'appel:
Osons poser des questions !!
Osons lui faire partager nos soucis, nos interrogations et proposons éventuellement une médiation.
Pourquoi certains individus exposés à des circonstances défavorables (maladie, handicap, organisation familiale perturbée, problèmes sociaux économiques,...) vivent-ils une existence saine et productive ? Ils sont porteurs de problèmes parfois très lourds et s'en tirent mieux que ce qu'on aurait pu imaginer. C'est ce qu'on appelle la résilience.
Les facteurs individuels: l'adolescent a confiance en lui, dans la vie, il est flexible, il a le sens des responsabilités, une certaine maturité sociale. Les parents comme les médecins doivent favoriser ces pistes.
Il y a des facteurs d'environnement: Une relation durable avec un adulte émotionnellement stable, l'adolescent a des responsabilités, la famille véhicule des valeurs, les amis sont présents et fidèles,...
(Repas, sport, ballade,...) pour avoir une activité à faire avec lui.
Questions
1) Avec la résilience, l'adolescent se tire de mauvais pas, mais que redonne-t-il à son enfant ?
Avec la résilience il n'y a rien d'absolu et ces ados sont parfois de bons parents. Elle nous incite à nous appuyer sur ce qui marche: c'est une démarche positive de développement car les adolescents ont en eux des solutions intéressantes.
2) Vous avez dit que l'âge de la puberté a baissé. Sait-on pourquoi ?
On pense à des différences de nutrition, d'hygiène,...
3) Que fait-on avec un préado qui a des problèmes de sommeil ?
Les troubles du sommeil sont liés à différents facteurs: Génétiques: il y a ceux qui dorment et ceux qui dorment moins. Rythme: le sommeil est réglé par une horloge biologique. Plus le rythme est irrégulier, plus le sommeil a tendance a devenir irrégulier. Facteurs psychiques: soucis d'école, de dépression. Mais l'ado doit faire les choses lui-même et se prendre en charge.
4) La grossièreté: il y en a de plus en plus. Pourquoi?
Il y a une tolérance par rapport à ce que la famille souhaite supporter. Ces règles sont à discuter en famille. Puis il y a une tolérance générale de plus en plus souple qui s'installe due aux brassages de population, aux brassages de langues: une grossièreté dite dans une autre langue n'a pas la même résonance que dans sa langue maternelle ! Puis il y a beaucoup d'adultes qui sont très grossiers avec les adolescents en ne les respectant pas.
5) Vous avez parlé de 3 types de croissance d'adolescents. Y a-t-il un lien entre le type d'enfant et le type d'adolescent qu'il va devenir?
La meilleure corrélation ne se fait pas tellement avec le type d'enfant mais plutôt avec la dynamique familiale favorisant le consensus. S'il y a trop de consensus, ce n'est pas génial car cela va gommer les conflits. Il fait éviter de faire des pronostics. L'adolescence est une période fascinante, il faut lui laisser toutes ses chances.
6) Le sport et l'adolescence:
Oui au sport, mais il faut avoir une attitude nuancée car le sport peut être une grave dépendance. Il faut favoriser les sports d'équipe, la fraternité, mais il ne faut pas oublier les risques du sport à haut niveau. Le sport ne règle pas tout.
Alternatives aux sports: les scouts, les cadets, les groupes de jeunes qui favorisent la prise de responsabilité.
7) Les sorties. Faut-il pousser un jeune de 14 ans qui ne veut pas sortir ?
Les adolescents se développent de façon différente et ne souhaitent pas forcément voir d'autres personnes. De plus la puberté arrive à des moments différents selon les individus. Certains aiment sortir et d'autres pas. Ce ne sont pas les comportements qui renseignent sur leur bien-être.
8) Que faut-il penser de la claque ?
Elle a le mérite de soulager les parents, mais elle est dangereuse (perforatrice de tympans) . C'est un comportement à risque avec les adolescents et il vaut mieux l'éviter Elle peut aussi déculpabiliser l'enfant plus jeune: Il a fait une bêtise, reçoit sa correction et ensuite c'est terminé.
9) Que penser d'un grand qui éduque sa sœur au sein de la fratrie ?
L'éducation est toujours du ressort des parents et surtout pas de la fratrie. Il faut séparer les générations. Mais il y a des situations dans lesquelles les enfants prennent la place des parents. Or ce n'est le rôle des enfants. Ils ne sont pas là pour faire plaisir aux parents. Les adolescents doivent vivre leur vie. Il faut que les adolescents prennent leur envol.
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