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Puis-je agir face à la violence?

Logo_Edp_150.jpgUne conférence de Mr Mehdi Messadi, médiateur social - Intervenant en prévention urbaine
Ecole des Parents de Lausanne

Mehdi Messadi vient d’une banlieue française. Lorsqu’il était plus jeune, suite à l’agression d’une vieille dame qu’il défend, une rencontre a lieu, qui le revalorise, qui remet sur des rails. Cette expérience positive dans sa vie lui permettra ensuite de rencontrer d’autres personnes qui l’oriente dans le milieu social. Arrivé en suisse depuis 11 ans,  il est sensible à la détresse des jeunes de la rue.
L’association Activités Jeunesse et Culture (AJC) prend forme, née de plusieurs travailleurs sociaux qui ont pris conscience d’une certaine exclusion des jeunes dits « les plus durs ».

Outre différentes actions sur le terrain, cette association a mis en place en suisse, le concept des « grands frères », ces grands frères qui aidaient déjà, de façon informelle AJC lors de soirées : né de l’engouement des jeunes qui refusaient de se laisser prendre par la spirale de la violence quotidienne, l’idée était de se responsabiliser afin de prévenir la dérive, particulièrement celle des plus jeunes, les «petits frères».

Qu’est-ce qu’un « grand frère » ? Comment agit-il ?
Tout est dans le dialogue avec les jeunes : ces médiateurs professionnels ont la tâche d’inciter à respecter certaines règles de comportement élémentaires et de prévenir les situations conflictuelles. C’est un travail qui demande du temps, de la patience afin d’instaurer la confiance. L’adolescent doit se reconnaître dans le « grand frère » . Il est non jugeant, il use d’un dialogue  qui est en résonance avec le monde de l’ado. Le langage et le milieu commun facilitent la compréhension
Un projet pilote, soutenu par les écoles de Grandson, les cars postaux et Funtasy projects, a été réalisé durant un mois en début d’année 2003 et a remporté un vif succès tant auprès des élèves, des parents, que des conducteurs de cars. En français, en allemand, en arabe, en turc ou en albanais, les « grands frères » dialoguent, écoutent. Cela afin d’éviter qu’un usager, jeune ou moins jeune, ne pose ses pieds sur la banquette, ne fume une cigarette dans un lieu non prescrit ou qu’il s’amuse avec un cran d’arrêt.
De cette formule toute théorique, il ressort un travail difficile et complexe qui nécessite de grandes qualités de médiation. Les « grands frères » n’ont pas de prérogatives policières. Ils ne peuvent ni contrôler les billets ni faire valoir une quelconque autorité. Le résultat escompté, ils ne peuvent l’obtenir qu’à la force des mots, et seulement armés d’une volonté à toute épreuve et d’une solide expérience sur le terrain.
Faute de moyens financiers, ce projet n’a pas pu être prolongé. On a pourtant constaté sur cette brève période une baisse des dégâts de 30%, ainsi qu’une amélioration sensible du comportement des élèves dans les bus comme à l’école.

Mais, globalement, l’opération a été jugée très positive et son important impact médiatique a incité les CFF à faire appel aux services d’AJC pour lancer également un tel projet dans les trains. Ce nouveau projet a débuté le 1er décembre 2003, et devait se terminer le 31 mars 2004. Grâce au succès qu’il a remporté, il est prolongé jusqu’au 31 décembre 2005. Les « grands frères »  reçoivent une formation spécifique (10 jours), tant dans l’approche des jeunes que dans l’exploitation ferroviaire. 
D’autre part, les CFF ont mandaté AJC pour recruter et former des chômeurs, en collaboration avec le service de l’emploi (Seco), dans l’optique de travailler également dans les trains en tant qu’assistants de prévention (grands frères et grandes sœurs).:
 
En suisse romande, la rue manque d’intervenants : il y a un besoin de présence, de liens, de limites, de cadre. Ici tout semble merveilleux,  pourtant il y a beaucoup de jeunes qui ont du mal à vivre. Il est nécessaire de les écouter, de créer du lien avec eux.
La famille est la base de tout : il est nécessaire qu’elle soit là. Elle doit trouver un dialogue avec ses enfants, ce qui n’est pas toujours facile quand on rentre du travail fatigué et stressé. Les adultes doivent être remis à leur place d’adultes.
Dans les situations difficiles, les gens doivent se mettre en dialogue, discuter avec le conjoint, établir des choses à faire. Et quand on est démuni, qu’on se sent dépassé, qu’on ne comprend pas, on peut passer le relais, sans se sentir coupable.
Passer le relais, c’est aller à l’école, discuter avec les enseignants, le psychologue scolaire.
Il faut rester attentif au fait que lorsqu’on passe au plan émotionnel, on a parfois besoin du regard extérieur. C’est pourquoi, faire appel aux professionnels permet de sortir du cercle vicieux. Le but étant de comprendre pourquoi cette violence est arrivée, de trouver une solution et non pas et non pas de culpabiliser les parents. 

Questions

1. Si vous êtes agressés comment vous défendez-vous ?
Les grands frères sont à deux. Leur but est de dialoguer. Mais ils sont aussi leur téléphone portable avec eux pour appeler la police.

2. Comment agir quand on est face à la violence. Que faire ?
Dans les quartiers, il est important de faire du lien social, de se réunir, de faire participer tout le monde, jeunes et moins jeunes.
Il est important de ne pas laisser la rue aux jeunes, de faire du lien avec eux.

3. Comment tisser un lien avec ces jeunes qui me font peur ?
Déjà, quand on les croise dire bonjour. Bien souvent, on ne dit pas bonjour aux jeunes.
Mais si les adultes ont peur, les jeunes aussi ont peur. Il faut savoir que les caïds ont très souvent une très petite estime d’eux-mêmes.


Le  résumé de cette conférence a été fait par Isabelle Henzi de l’association Lausanne Famille.

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