Notre expert
Redonner confiance aux parents: qui écouter pour bien faire
Redonner confiance aux parents : qui écouter pour bien faire
Animée par le Dr N. Frenck, Pédiatre FMH, Thérapeute de famille

On peut redonner confiance aux parents s’ils peuvent puiser en eux leur confiance. Nous allons parler de la communication en famille, qui permet d’améliorer l’estime de soi.

La communication en famille est réelle ou virtuelle.
Dans la communication il y a beaucoup de points d’interrogation car on ne sait pas forcément ce que l’autre entend : c’est important de savoir qui dit quelque chose, quand il le dit et pourquoi il le dit. Il est impossible de ne pas communiquer car même lorsqu’on parle à quelqu’un et que cette personne ne répond pas, sa non-réponse est un message qu’elle envoie.
On communique plus ou moins clairement et on décode plus ou moins clairement, mais on communique toujours.

Au moment où le message a été dit, il est parti, mais on ne sait pas s’il est arrivé.
Il est nécessaire d’investir du temps pour quittancer la réception : «j’ai entendu ce que tu m’as dit» Souvent les grandes bagarres familiales se font autour de la non-réception du message.

On pense qu’il existe une vérité, Dans une famille il est illusoire de chercher une vérité. En réalité les réalités sont multiples.. Le dialogue familial se fait autour de différentes réalités. Chaque proposition est réelle pour chacun des interlocuteurs. On donne quittance de la réalité de chacun: c’est "sa vérité ".
Certains messages ne partent pas: des réalités ne sont pas exprimées.
Par exemple: «je ne veux pas lui dire car je sais déjà qu’il ne peut pas l’entendre» ou bien «je ne veux pas lui dire car je sais déjà ce qu’il va me répondre». On se met à penser l’autre.
Et en en pensant l’autre on se prive de pouvoir dire à l’autre ce que soi on pense. On prive l’autre d’un message qui pourrait l’éclairer sur la relation.

La communication est non-verbale à 90%. Nous créons le contexte du discours qu’on envoi avec notre gestuelle, notre mimiques, le ton de la voix… Le meilleur endroit pour observer les interactions familiales, la communication familiale, surtout la non-verbale, est lorsque la famille est à table.
Dans la communication on peut entendre sans que l’autre puisse dire qu’il a entendu. C’est un message virtuel, un message qui n’arrive pas car la personne qui doit le recevoir n’est pas là.

Le téléphone portable: chaque membre de la famille en a un.
Argument de la famille:

  • Permettre à l’enfant de garder un contact permanent avec la famille.
  • Communiquer avec les amis.
  • Permet de savoir ou se trouve l’enfant. Un bémol : on sait où se trouve le téléphone portable mais pas où se trouve l’enfant.

Avant entre 19h et 22h, le téléphone de la famille était squatté par les ados: c’est terminé, maintenant il y a le téléphone portable.
C’est un cordon ombilical sans fil, une façon d’infantiliser l’enfant en le gardant encore sous un régime de contrôle et de manque de confiance. Actuellement on ne se fait plus confiance.
Lors des sorties, l’adolescent est plus tenté de ne pas respecter les horaires de rentrée. Ce qui permet de calmer son angoisse et de mettre ses parents à son service en leur demandant de venir le chercher en pleine nuit.

La télévision et les jeux vidéo:
La télévision est une personne à part entière dans la famille. Qui bénéficie de certains avantages :

  • Quand elle parle personne ne lui coupe la parole,
  • tout le monde se tait quand elle dit quelque chose.
  • On ne quitte la pièce que pendant la pub et encore c’est pour aller chercher quelque chose afin de mieux l’écouter ensuite.
  • La personne qui a la télécommande a le pouvoir dans la famille.
    Beaucoup de choses importantes se disent devant la télévision.

Ordinateur/console de jeux
En matière d’électronique les enfants sont plus compétents que les parents.

Attention au licitement illicite: c’est tout ce qui est permis dans la famille mais qui est illégal: ces programmes copiés … créent une complicité avec les enfants dans l’illégalité: le parent est responsable des règles que le jeune doit apprendre pour vivre en société.
En étant complice avec l’enfant de ces illégalités, le parent perd sa crédibilité et son rôle encadrant sera affaibli. On entre dans une architecture familiale où la hiérarchie est effacée.
Il n’est pas bon que l’enfant soit au même niveau que le parent : il doit être à sa place d’enfant et il a besoin de l’adulte pour grandir. Une protection parentale claire permet de protéger l’enfant.
C’est la même chose entre parents/enseignants et enfants. S’il n’existe pas d’harmonie de communication entre les parents et les enseignants, il y a des risques de dérapages comportementaux chez les jeunes.

La communication familiale, les dialogues dans la famille sont le jardinage de l’estime de soi.
Les enfants ont besoin de cela. L’enfant va se sentir ce qu’il voit de lui dans les yeux de l’autre, de son père, de sa mère, de ses frères et sœurs…
On peut augmenter l’estime de soi uniquement avec ce qu’on a dit, et la façon dont on le dit.

Il existe pourtant une forme de communication familiale négative : c’est la communication coercitive et contraignante.
Dans cette communication le jeune entend : tu n’es pas compétent, on ne peut pas te faire confiance, tu n’es motivé que par des choses négatives… Le jeune ne peut pas faire face à la vie quand il cherche à être approuvé par le jugement des autres.

La communication familiale doit être basée sur le soutien et l’appui: l’enfant a besoin qu’on le pousse en avant. Et alors, il entend tu es compétent et apte à décider, tu es capable de te comporter d’une façon appropriée, nous pouvons te faire confiance: cette phrase manque cruellement dans beaucoup de familles. On peut faire confiance à un enfant à tout âge. C’est important pour le jeune qui doit faire face à la vie en faisant confiance à son propre jugement. Trop souvent les enfants arrivent à l’école avec une faible estime de soi. Il est important de faire le jardinage de l’estime de soi des enfants.

Comment l’améliorer?
Il n’y a pas de recettes miracle mais quelques pistes de réflexion pour tisser une communication satisfaisante entre les parents et les ados et qui soit positive et constructive.

  • Parlons en terme de réalités et non de vérités, lors de dialogues donnons quittance.
  • Faisons les s’expliquer : "explique moi, je ne comprends pas ce que tu veux dire", afin qu’il puisse développer sa capacité d’explication.
  • Faisons la différence entre l’imaginaire et les actes et accordons un crédit de confiance réciproque: dire : "je te fais confiance", est très important
  • La co-évolution familiale : il est important que les enfants et les parents évoluent à la même vitesse. Parfois, les parents grandissent moins vite que les enfants.
  • Cessons de faire croire au jeune que la famille est une démocratie: les enfants ne seront jamais chef et les parents ne sont pas élus. Il en est de même pour l’école.
  • Un enfant n’est pas égal à un adulte. C’est dangereux pour l’enfant de proposer un parent copain/copain. L’enfant a besoin de parents, d’adultes.

Nous devons assumer notre responsabilité de nous montrer des adultes

  • L'importance de nuancer entre: TOLÉRANCE – ACCEPTATION - APPROBATION
  • Le danger de la pseudo démocratie "nous sommes tous égaux"
  • Cessons de faire croire aux adolescents que la famille est une démocratie, elle ne l'est pas, grâce à Dieu.
  • L'école non plus.
  • Le danger des parents copains – copains
  • Le danger des enseignants copains – copains

De l'utilité d'être un "con d'adulte" pour leur permettre de se définir en tant que:
• Personne en devenir.
• Personne qui se cherche.
• Personne qui se questionne.

Commentaires





Coups de coeur de la semaine

A lire
Nos partenaires