Et oui ! les super-héros sont les contes modernes de nos enfants. Bing! Craaak! Ouch! Paf! Arghh! Pim! Aaaaah!... Le point commun entre tous les super-héros, c’est qu’ils sont toujours partants pour la bagarre. A leur décharge, ils n’ont pas vraiment le choix quand ils doivent sauver le monde tous les quatre matins.
«Sans conflit, pas de récit, note Marc Atallah, directeur de la Maison d’Ailleurs à Yverdon-les-Bains et maître d’enseignement et de recherche à l’université de Lausanne. Ils incarnent l’archétype du bien luttant contre le mal et nous nous retrouvons en eux, dans les valeurs qu’ils défendent.»
Superman, Spiderman, Iron Man et consorts plaisent d’abord aux enfants, sensibles tout à la fois à leurs aventures, à leurs pouvoirs et à leur look.
«Ce sont des exemples à imiter et qui les aident à grandir, observe Clara Clivaz, docteure en sciences du langage et chercheuse associée à l'Université de Berne. Ils ont une dimension pédagogique, un rôle formateur et l’enfant y puise courage, persévérance et loyauté.»
Dans la peau d’un super-héros, on se sent moins petit et moins faible dans un monde de grands. Cette identification peut continuer au-delà de l’enfance, car sous le costume, les super-héros ont aussi des problèmes de tous les jours.
«Les personnages se sont complexifiés pour être lisibles par tous, analyse M.Atallah. Aux enfants les effets spéciaux, tandis que les doutes, la souffrance et l’humour les rendent plus proches des ados et des adultes.»
Nés aux Etats-Unis dans les années 30, les super-héros ont déferlé sur l’Europe avec les adaptations cinématographiques dans les années 2000. Avant ça, les personnages Marvel – Captain America (1940), Spider-Man (1962), X-Men (1963) – et DC Comics – Superman (1938), Batman (1939), Wonder Woman (1941) – ont vécu leurs premières histoires en bandes dessinées. S’adressant à l’origine aux garçons adolescents, ils sont devenus depuis des légendes et ont conquis notre imaginaire.
Toute ressemblance avec d’autres héros d’autres époques n’est pas fortuite.
«Les super-héros viennent d’Europe en général et empruntent à la mythologie, à la religion ou à la littérature, relève Mme Clivaz. Superman est un mélange d’Hercule et du Christ sauveur, Hulk une réplique du docteur Jekyll et M. Hyde, le grand méchant loup a muté en Wolverine. Les représentations ancestrales changent de forme, mais ce sont les mêmes idées qui perdurent.»
Le super-pouvoir du marketing a fortement contribué à imposer aux bambins l’imagerie des super-héros.
«Dès le biberon, les enfants sont nourris aux super hommes et aux super femmes, constate Mme Clivaz. Des céréales aux cartables en passant par les jouets, il y a eu une explosion des produits dérivés ces dernières décennies.»
Les parents et grands-parents qui n’ont pas connu ces drôles de bonshommes sont parfois – super – embêtés pour savoir quels héros proposer à leurs enfants.
«Comme pour les jeux vidéo, les parents sont mal à l’aise pour les accompagner dans leurs choix, convient M.Atallah. Mais les jeunes enfants comprennent où sont les valeurs positives et s’attachent davantage à Captain America et Spiderman plutôt qu’à un Batman ambigu ou à un Wolverine un peu trop noir.»
A l’instar des autres blockbusters, le succès des films de super-héros doit beaucoup à la qualité des effets spéciaux de plus en plus blufants. Ils remettent aussi au goût du jour un genre oublié, celui de l’épopée.
Avant eux, Ulysse, le roi Arthur, Roland de Roncevaux ou Cyrano, ont su grâce à un souffle épique nous transporter loin d’un monde trop rationnel et trop raisonnable.
Pour toutes ces raisons, que ces nouveaux dieux de l’Olympe enfilent encore longtemps leur costume et nous fassent vivre de super émotions!
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